Face au plan patronal, il faut un plan de riposte des travailleurs01/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2096.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Face au plan patronal, il faut un plan de riposte des travailleurs

Le plan des patrons de l'automobile est explicite. Ghosn, le PDG de Renault, n'en fait pas mystère, au contraire : les résultats de l'entreprise sont bons, a-t-il annoncé en juillet dernier. Les ventes sont en hausse, le chiffre d'affaires est en hausse, les bénéfices sont en hausse. Mais cela ne suffit pas : il a promis aux financiers et autres investisseurs, gros actionnaires du groupe, une marge opérationnelle de 6 % en 2009.

Or au premier semestre 2008 cette marge représentant les bénéfices, pourtant en augmentation de près de 20 %, n'a été « que » de 4,1 % ! Les actionnaires n'auront touché en 2008 « que » 1 039 millions d'euros de dividendes, deux fois plus qu'en 2005. Mais cela ne leur suffit pas : Ghosn leur a promis 1 300 millions pour 2009.

Vendre plus de voitures ? Peut-être, quoique cela semble déjà compromis, ne serait-ce que par la baisse du pouvoir d'achat de millions de salariés. Après avoir organisé la pression sur les prix de la sous-traitance, et donc sur les conditions de travail et les salaires des travailleurs de ces entreprises, les patrons veulent continuer à augmenter la rentabilité des capitaux investis, en forçant jusqu'à la rupture l'augmentation de la productivité des usines, en supprimant partout des emplois, en surchargeant au maximum les postes des ouvriers et ouvrières en chaîne ou chargés de l'entretien et du dépannage. Tant pis pour les emplois supprimés dans les usines Renault et pour ce que cela entraîne chez les sous-traitants. Tant pis pour les travailleurs intérimaires purement et simplement licenciés à la fin d'un contrat, et qui ne retrouveront pas facilement un emploi dans des régions où l'automobile domine. Tant pis pour les grosses pertes de salaire entraînées par les périodes de chômage ou le passage d'équipe de nuit en équipe de jour, comme l'organise la direction de l'atelier des Presses à Flins actuellement. Tant pis pour les villes qui dépérissent à cause du chômage et de la baisse du pouvoir d'achat des familles populaires.

Mais, face à ce plan des patrons de l'automobile, les dizaines de milliers de salariés de Renault, de PSA, doivent opposer un plan pour les travailleurs. Il est illusoire, et même faux, de chercher à suggérer à Ghosn, à Streiff et à leurs semblables des stratégies alternatives, comme de « désengager » les usines Renault de Slovénie, de Turquie ou de Corée en s'attaquant de fait aux travailleurs de ces usines, ce qui n'empêcherait nullement les patrons de continuer à supprimer des emplois en Europe de l'Ouest - Renault a d'ailleurs annoncé des suppressions d'emplois au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et peut-être en Espagne. De même, il est dérisoire de leur proposer d'autres politiques commerciales ou d'autres produits... dans ce domaine, ils ont les instruments de mesure et les hommes qu'il faut pour défendre leurs intérêts. Et leurs intérêts sont d'ailleurs bien défendus : près de 15 milliards d'euros de profits ont été dégagés chez Renault au cours des cinq dernières années !

Face à l'offensive des patrons, qui n'ont pour but que de dégager de plus en plus de profits aux dépens de l'ensemble des travailleurs, y compris en supprimant l'emploi de certains, ceux-ci peuvent et doivent parvenir à imposer la prise en compte de leurs intérêts. Après des décennies de chaîne, les ouvriers les plus anciens doivent pouvoir partir en retraite le plus tôt possible, avec tous leurs droits. Mais aussi, tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux, les travailleurs de l'automobile, des sous-traitants, les intérimaires, et en fait toute la population ouvrière, peuvent et doivent imposer l'interdiction de ces licenciements « de confort » pour le patronat, alors que les profits sont florissants depuis des années. Ils ont le nombre, les moyens et surtout la nécessité d'obliger le patronat à en rabattre.

Alors, l'inquiétude changera de camp.

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