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Dans le monde
Rachat de British Energy : EDF spéculateur
Après des semaines de tractations et une première tentative sans succès, EDF a finalement pu racheter la société British Energy. Celle-ci est la plus importante productrice d'électricité en Grande-Bretagne, et surtout la propriétaire des centrales nucléaires de ce pays.
C'est pour cette raison que le gouvernement britannique a appuyé la proposition d'EDF. En effet, durant quelques dizaines d'années, les autorités avaient délaissé le secteur nucléaire, dans la mesure où l'on avait découvert les gisements pétroliers et gaziers de la mer du Nord qui ont permis de fournir de l'électricité à bas prix (mais pas vraiment pour les consommateurs !). Maintenant ces gisements commencent à s'épuiser et la Grande-Bretagne est même devenue importatrice de gaz. Il va donc falloir songer à une énergie de remplacement, et le gouvernement s'oriente vers une réactivation et une modernisation du secteur nucléaire, dont EDF est reconnu comme un spécialiste.
Ce spécialiste n'est d'ailleurs que relatif, car le nouveau modèle de centrale nucléaire, l'EPR, dont le premier exemplaire est en construction en Finlande, a déjà pris deux ans de retard, avec une explosion de la dépense prévue !
Mais pour EDF et les entreprises associées, comme Areva, il ne s'agit pas seulement de vendre des centrales, comme il est question de le faire en Afrique du Sud, en Chine, etc., c'est en même temps d'une affaire spéculative qu'il s'agit.
EDF a déjà une assez longue tradition d'achats de sociétés électriques un peu partout dans le monde : en Grande-Bretagne déjà avec EDF Energy, en Amérique latine, où elle a connu de cuisants déboires financiers, etc. EDF pratique d'ailleurs des prix élevés, en Grande-Bretagne en particulier, où les prix ont terriblement augmenté depuis la déréglementation dans l'électricité.
EDF a acquis British Energy pour 15,6 milliards d'euros. Or EDF est elle-même déjà endettée à hauteur de 18 milliards d'euros, et ne peut donc pas fournir beaucoup de capitaux. Ce sera donc une réunion de sept banques (BNP, Société Générale, Calyon, HSBC, Royal Bank of Scotland, Barclays et Mitsubishi) qui vont fournir 13,9 milliards d'euros. Ces banques, qui ont du mal à prêter de l'argent en ces temps de crise, n'ont pas fait de difficultés dans cette opération. Il est vrai qu'elles se serviront abondamment grâce à un intérêt qui serait de 7 %, considérable donc.
EDF est censé moderniser les centrales nucléaires vieillissantes britanniques, construire quatre EPR, et surtout, implanté plus que jamais sur ce marché, pourra pratiquer une politique de tarifs élevés au détriment des consommateurs du Royaume-Uni.
Et pendant ce temps, en France même, les centrales nucléaires connaissent de plus en plus d'incidents, heureusement encore relativement mineurs pour le moment. Les infrastructures sont à revoir, mais cela ne rapporte guère. Alors EDF fait traîner et se porte sur l'international, car cela devrait lui rapporter plus.
Pour ceux qui l'auraient oublié, EDF est censé être un service public, une entreprise nationalisée (encore propriété de l'État à environ 85 %) ayant vocation à faire de l'électricité, pas seulement des placements et du profit.