Sarkozy, les bonnes banques et Dexia01/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2096.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy, les bonnes banques et Dexia

Dans son discours sur la crise financière prononcé à Toulon, Sarkozy a fustigé le capitalisme financier sans morale, assuré qu'il fallait trouver des coupables et promis que l'État ne verserait pas un sou pour sauver de la faillite les banquiers véreux. C'était le 25 septembre.

Mardi 30 septembre il a réuni, à cinq heures du matin paraît-il..., ministres et banquiers pour sauver de la faillite le groupe Dexia. L'État français versera un milliard d'euros et la Caisse des dépôts et consignations, un organisme public, versera deux milliards d'euros, pour renflouer le groupe en faillite. Un communiqué de l'Élysée précise qu'il s'agit de « garantir la continuité du financement des collectivités locales ».

Dexia est en effet la première banque mondiale pour le prêt aux municipalités. C'est un métier sans risque : soit la banque prête directement aux mairies et son prêt est donc garanti par l'État, soit elle prête aux sociétés privées qui travaillent avec les collectivités locales mais elle exige alors que les dites collectivités locales se portent garantes du prêt. Dexia assure donc en partie et contre rétribution l'aide au financement des équipements collectifs, des logements, etc., service qui pourrait être assumé par l'État. C'est un service public privatisé en quelque sorte ou plus exactement une rente de situation.

Mais la banque ne fait pas que ça. Elle investit également dans les secteurs à risque, les dettes titrisées, les produits dérivés et autres combines complexes et profitables... jusqu'à ce que le marché s'écroule. C'est même, disait-elle en 2007 dans son rapport annuel, « un support indispensable pour l'ensemble du groupe et un centre de profit important qui génère une rentabilité substantielle ». En effet, Dexia a fait plus de deux milliards d'euros de bénéfices en 2007, soit, pour ses actionnaires, une rentabilité de 10 %. Mais c'est bien sûr ce secteur des « titres toxiques » qui met Dexia en faillite aujourd'hui et qui lui vaut le secours de Sarkozy.

Le Président, une fois de plus, dit une chose et en fait une autre en aidant un banquier peu scrupuleux. Mais le fait est qu'il n'y a pas de banquiers scrupuleux, que tous se livrent à la spéculation car c'est leur raison d'être et le mode de fonctionnement du système. Et que Sarkozy est prêt à tous les sauver, comme la suite le montrera sans doute, parce que c'est sa raison d'être à lui.

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