Tunisie : Le pouvoir élargit la répression01/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2096.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tunisie : Le pouvoir élargit la répression

En Tunisie, alors que la criminalisation de la contestation dans le bassin minier de Gafsa s'intensifie, avec son cortège de procès iniques et de condamnations arbitraires, le régime de Ben Ali s'en prend également aux ressortissants tunisiens qui, depuis l'étranger, manifestent leur solidarité avec la population du bassin minier.

Ainsi Mouhieddine Cherbib, président de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), une association d'immigrés tunisiens en France, vient d'être déclaré « en fuite » et inculpé par le parquet de Gafsa pour « appartenance à une bande, participation à une entente établie dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre des personnes ou des biens ». En Tunisie même, cinquante autres personnes, dirigeants du mouvement de lutte, syndicalistes, enseignants ou jeunes chômeurs, sont poursuivies pour les mêmes motifs. Tous risquent de 6 à 12 ans de prison et de fortes amendes.

Depuis le 5 janvier 2008, date des premières révoltes, le bassin minier de Gafsa est le théâtre de manifestations populaires contre le chômage, la flambée des prix, les inégalités et la corruption du pouvoir local. Dès le début du conflit, la police a multiplié les arrestations et les brutalités contre les manifestants, le pouvoir cherchant à étouffer le mouvement avant qu'il s'étende à d'autres régions. En avril, des dirigeants syndicaux, dont Adnane Hajji, porte-parole des habitants de Redeyef, ville où tout a commencé, étaient passés à tabac et emprisonnés. En juin, le ton montait encore d'un cran avec la mort d'un jeune manifestant tué par balle et de nombreux blessés, dont l'un vient de mourir de ses blessures. L'armée s'est déployée pour couper la région du reste du pays et l'interdire aux journalistes. Parallèlement, tandis que la police arrête et inflige des tortures et des traitements dégradants, les tribunaux aux ordres infligent de lourdes peines aux manifestants à l'issue de simulacres de procès.

Si Ess'ghaier Belkhiri, immigré tunisien résidant à Nantes, arrêté et incarcéré cet été dès son arrivée en Tunisie pour avoir manifesté publiquement son soutien à la population de Gafsa, a finalement été relâché après un mois de détention et de mauvais traitements, Zakia Dhifaoui, une enseignante, militante du Front démocratique des libertés publiques, poursuivie pour avoir participé à une manifestation des femmes de Redeyef pour réclamer la libération de leurs maris ou de leurs enfants emprisonnés, elle, a écopé en appel de quatre mois et demi de prison ferme, peine qui lui vaut en plus d'être radiée de la fonction publique. Quatre syndicalistes ont, en même temps qu'elle, été condamnés à des peines de trois mois ferme.

La répression organisée par le régime Ben Ali ne connaît donc pas de répit ; elle frappe les opposants en Tunisie et hors de Tunisie. Mais force est de constater qu'après des mois de mobilisation, ce n'est pas cela qui arrête la lutte de la population pour le respect de ses droits.

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