Service minimum dans les transports : Arrêter l'offensive du gouvernement26/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1921.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Service minimum dans les transports : Arrêter l'offensive du gouvernement

Le Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF) examinera le 17 juin prochain un projet de service minimum concernant la RATP et la SNCF lors des jours de grève. Ce service minimum, dit "garanti", devrait permettre que 50% du trafic habituel de la RATP soit assuré, et 33% à la SNCF.

Une décision du gouvernement

C'est le gouvernement qui est à l'origine de cette décision puisque le préfet d'Île-de-France qui le représente préside le conseil d'administration du STIF jusqu'au 1er juillet, date à laquelle la Région héritera de la présidence.

Début avril, Gilles de Robien, ministre des Transports, avait demandé aux entreprises publiques de transports d'aboutir, d'ici fin juin, à un "dispositif complet" pour assurer un "service maximum" en cas de grève en s'engageant par avance sur un niveau de service. "Ces engagements de service des deux exploitants du réseau francilien doivent, pour être crédibles, se traduire dans le contrat qu'ils ont avec l'autorité organisatrice", c'est-à-dire le STIF, avait dit le ministre. La SNCF et la RATP se sont exécutées. Ainsi Louis Gallois, PDG de la SNCF, a confirmé: "Nous estimons que nous pourrons nous engager sur la circulation d'un train sur deux ou un train sur trois suivant l'ampleur des conflits."

Devant le tollé suscité par cette annonce, qui équivaut à remettre en cause le droit de grève pour les travailleurs des transports, de Robien a précisé qu'il ne voulait "en aucun cas imposer un service minimum aux grévistes" et a exclu "tout recours à la réquisition du personnel." Comment alors assurer les trains? "Les marges sont suffisantes pour que, avec le personnel qui ne fait pas grève, on puisse assurer un meilleur service public", assure de Robien.

Quand onsait qu'aujour-d'hui, même sans grève, le service minimum n'est souvent pas assuré au quotidien, on se demande où sont les "marges de manoeuvre". C'est effectivement tous les jours que des trains sont "calés", c'est-à-dire supprimés faute de conducteur ou de contrôleur. C'est tous les jours que les voyageurs entendent à la sonorisation des gares que leur train est supprimé en raison, non de grève, mais "d'incidents techniques", c'est-à-dire de défaillances de la SNCF. Et quand on sait que la SNCF supprime cette année 4440 postes, cela fait 4440 "marges de manoeuvre" en moins pour faire fonctionner le service public.

En fait, gouvernants et dirigeants d'entreprises ne parlent de service public que pour justifier de mauvais coups contre le monde du travail. Le reste du temps, ils se désintéressent des voyageurs en leur refusant un service à la hauteur des besoins.

La réaction des dirigeants socialistes...

Le président (PS) de l'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, s'est insurgé contre la méthode du gouvernement consistant, dit-il, à "nous imposer des décisions qui prendront effet une fois le STIF présidé par la Région". En fait ce qu'il dénonce, c'est le "mauvais coup porté" -non pas aux travailleurs des transports- mais "aux élus régionaux". Il aurait pu s'engager à annuler cette mesure dès le 1er juillet, date à laquelle la Région qu'il préside prendra la responsabilité des transports. Ce qu'a décidé un conseil d'administration, un autre conseil d'administration peut le défaire. Eh bien non, il s'est bien gardé de le promettre. Il a au contraire déclaré: "Ce n'est pas que je sois contre un service garanti en cas de grève: au contraire, nous l'avons demandé." Ce n'est donc pas sur ces gens-là que les travailleurs peuvent s'appuyer pour défendre leur droit de grève.

... et celle des syndicats

À dix jours de la grève nationale du 2 juin, les principaux syndicats cheminots ont à juste titre dénoncé cette mesure. Didier LeReste, secrétaire de la fédération CGT des cheminots, a ainsi déclaré: "La CGT ne laissera pas faire et, lors de la grève nationale du 2 juin, les cheminots auront à coeur de montrer leur volonté de ne pas laisser remettre en cause le droit de grève en Île-de-France." C'est effectivement ce qu'il faut souhaiter.

Cette nouvelle attaque contre le droit de grève montre d'ailleurs que la signature par la CGT cheminots, en octobre 2004, d'un accord social limitant le droit de grève était une faute car, loin de désarmer le gouvernement comme le prétendaient alors les dirigeants signataires de la CGT, cette signature a eu l'effet contraire. Aujourd'hui, Didier Le Reste fait mine de s'étonner: "Pourquoi certains font ressortir ce sujet alors que des discussions se poursuivent depuis six mois entre les directions et les organisations syndicales de la RATP et de la SNCF et doivent aboutir prochainement?" Comme si quelque chose de bon pour les travailleurs pouvait sortir de ces discussions sur le service minimum.

Le gouvernement non seulement attaque violemment les travailleurs mais il voudrait leur ôter le moyen de se défendre. La seule attitude possible est de dire non, en commençant par faire en sorte que la grève du 2 juin à la SNCF soit la plus massive possible.

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