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Afghanistan : Les méthodes des sales guerres coloniales
Le journal américain New York Times a publié samedi 21 mai des extraits d'un rapport portant sur le traitement réservé aux prisonniers afghans détenus sur la base militaire américaine de Bagram, située à une heure de route de Kaboul, en Afghanistan.
Selon le président afghan lui-même, pourtant ami des États-Unis, la population doit en outre subir quotidiennement dans les villages, sous couvert d'opérations antiterroristes, l'irruption brutale à n'importe quelle heure du jour et de la nuit des commandos américains, et leur attitude brutale à leur égard. La guerre continue aussi en Afghanistan, contrairement aux discours de Bush sur la paix et la démocratie qui seraient enfin installées dans le pays.
Dans la prison de Bagram, comme dans le centre de détention de Guantanamo Bay à Cuba, ou dans la prison d'Abou Ghraïb en Irak, des prisonniers ont été maltraités, humiliés, torturés et certains sont décédés des suites de ces mauvais traitements. Le journal New York Times relate en détail, entre autres, les conditions dans lesquelles deux prisonniers afghans, Mollah Habibullah, le frère d'un commandant taliban d'une trentaine d'années, et Dilawar, un chauffeur de taxi de 22 ans, ont été battus à mort en décembre 2002. La pratique de la torture aurait été systématique en Afghanistan en 2002.
Certes, des procédures administratives et pénales, liées à 350 cas de torture répertoriés en Irak et en Afghanistan, ont été lancées par les autorités américaines contre 125 militaires. Mais les accusés sont essentiellement de simples soldats. Pour l'administration et le département de la Défense américains en effet, il ne s'agit que de dérives individuelles. John Sifton, le chercheur de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, explique que "selon le gouvernement (américain) il s'agit de dérapages. Les preuves montrent autre chose. (...) Selon nos propres enquêtes à Human Rights Watch, presque tous les prisonniers ayant témoigné ont subi en 2002 des mauvais traitements". Antony Romero, directeur de l'American Civil Liberties Union, le syndicat américain des libertés civiles, ajoute que "le caractère systématique des tortures implique la chaîne de commandement militaire jusqu'au sommet."
Ce sont bien les dirigeants de l'armée américaine qui ont pris consciemment la responsabilité de ces violences et crimes de toute sorte. La pratique de la torture est la conséquence directe de ce qui est, en Afghanistan, comme en Irak, une guerre coloniale menée contre tout un peuple.