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- Lutte ouvrière n°1921
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Hayange (Moselle) : - Les de Wendel, une saga de trois siècles d'exploiteurs
Le baron Seillière a été accueilli, mercredi 4 mai, par des manifestants de la CGT à Hayange. Il venait inaugurer une exposition vantant les mérites de la dynastie de Wendel, dont il est le plus connu des héritiers. Une cinquantaine d'héritiers avaient également fait le déplacement pour assister à une messe en l'honneur de la famille, dont Hayange est le berceau.
Tout ce petit monde a été accueilli par le maire socialiste d'Hayange, Philippe David, tout heureux d'évoquer le "grand honneur pour Hayange d'accueillir une telle exposition sur la Maison de Wendel". Selon L'Est républicain, Ernest-Antoine Seillière était "sur la même longueur d'onde". Touchante émotion commune d'un maire "socialiste" et du président du Medef!
Mais le nom de de Wendel en Lorraine rime avec chômage, fermeture d'usines, cités ouvrières qui s'effondrent à cause d'un sous-sol surexploité. Pendant trois siècles, les de Wendel ont saigné la région. Mais ils se portent toujours fort bien. Les de Wendel, ce sont 750 héritiers dont les affaires sont gérées par le plus connu d'entre eux, le baron Ernest-Antoine Seillière. Comme depuis toujours, on préfère rester en famille!
Leurs affaires sont aujourd'hui regroupées dans Wendel Investissement, une société financière qui détient des actions de grands groupes: Valéo, Legrand, Orange Nassau, Capgemini, bioMérieux, Editis -numéro deux français de l'édition-, Bureau Véritas, 9Telecom, Stallergènes Le but de Wendel Investissement: "Nous avons pour objectif une performance moyenne supérieure à 15% par an". Bref, beaucoup d'argent et de profits comme depuis trois siècles!
Car la bourgeoisie, celle des grandes familles bourgeoises, existe toujours bel et bien. Les magazines font parfois leurs Unes sur les salaires des PDG, certes scandaleusement rémunérés, mais dont la richesse et le poids social sont sans commune mesure avec le poids social de ceux qui sont riches parce qu'ils possèdent. Ces fortunes-là ne sont jamais dénoncées dans ces magazines qui leur appartiennent pour la plupart.
Cela n'empêche pas les membres de ces familles, qu'elles s'appellent de Wendel, Peugeot ou Michelin, de siéger dans de nombreux conseils d'administration et, pour leur argent de poche, d'occuper parfois aussi des places de direction. Ainsi l'aîné de la famille de Wendel, François, est vice-président du leader mondial de l'emballage, Crown.
À l'occasion de sa venue à Hayange, la presse a rappelé les origines d'Ernest-Antoine. Fils du banquier Jean Seillière de Laborde, fondé de pouvoir des Charbonnages de la Maison de Wendel avant la Seconde Guerre mondiale, les Seillière de Laborde étaient dans la banque et dans le textile vosgien. Comme quoi la fermeture des usines textiles n'a pas produit que des Rmistes!
Du côté de la mère du baron, Renée de Wendel, fille de Maurice, c'était la sidérurgie et les mines. Papa roi dans la banque et le textile, maman reine dans l'acier voilà un Ernest-Antoine qui a eu beaucoup de mal dans la vie!
On comprend alors sa révolte lorsque, après les manifestations du 10 mars dernier, Ernest-Antoine, cité dans un tract CGT distribué à Hayange, s'était indigné: "Les salariés de France dépensent trop. Est-il nécessaire qu'aujourd'hui les salariés achètent un téléphone portable à leur femme ou à leurs enfants?" C'est vrai quoi, ils n'ont qu'à emprunter celui de leur chauffeur!