Groupe Total : Contre la suppression du lundi de Pentecôte férié, une grève victorieuse26/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1921.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Total : Contre la suppression du lundi de Pentecôte férié, une grève victorieuse

Vendredi 20 mai, après cinq journées d'arrêt total de la production dans cinq de ses six raffineries françaises, la direction du groupe Total a dû reculer. Les travailleurs refusaient de travailler gratuitement le lundi de Pentecôte; après avoir refusé de négocier pendant plusieurs jours, prétendant qu'elle appliquait "la loi du pays", la direction a finalement cédé: tout le monde bénéficiera d'une journée de congé supplémentaire d'ici fin 2005. Et finalement les cinq journées de grève seront également payées.

Avec 9 milliards d'euros de bénéfices pour 2004, Total a battu des records de profits. Demander aux salariés de travailler une journée gratuitement au nom de la "solidarité nationale", alors que le groupe n'envisage surtout pas d'écorner ses profits, cela semblait vraiment une provocation.

Pour le lundi de Pentecôte, la direction imposait aux travailleurs en horaire normal de venir travailler; pour ceux qui travaillent en équipe, elle comptait retirer, à sa guise, un jour de congé dans leurs compteurs.

Les syndicats appelaient à une journée de grève pour le 16 mai et, déjà les jours précédents, on sentait qu'on serait nombreux à y participer. Effectivement, la grève a été bien suivie le lundi, et à la fin de la journée, il y a eu des assemblées dans différentes raffineries pour envisager la suite.

À Donges, en Loire-Atlantique, la direction a envoyé des cadres à l'assemblée générale, pour qu'ils votent la reprise du travail. Devant cette manoeuvre, les grévistes ont décidé de bloquer l'usine.

À la Raffinerie de Normandie, à Gonfreville-L'Orcher (près du Havre), où travaillent 1600 personnes, nous étions plus de 200 à nous réunir le lundi soir, et nous avons voté la poursuite de la grève à 90%. Dans les jours suivants, la grève s'est renforcée, entraînant la plupart des travailleurs de la raffinerie, ainsi que ceux du centre de recherches qui est sur le site, mais aussi ceux de la filiale Total Fluides à quelques kilomètres. La production était complètement stoppée, ce qui n'était pas arrivé depuis mai68: plus rien ne circulait dans les tuyaux, et il n'y avait plus de fumée au-dessus de la raffinerie. Il y a quelque temps, un dirigeant du groupe avait dit de manière provocante aux syndicats: "Depuis le temps qu'on nous promet le silence des usines, je n'ai toujours rien vu." Eh bien cette fois, ils ont vu!

Il faut dire que la direction de Total nous a donné des arguments pour être déterminés, en annonçant le mardi 17 mai une augmentation de 15% des dividendes pour ses actionnaires!

Des réunions avaient lieu plusieurs fois par jour, pour discuter de la grève et des revendications. En plus du paiement par Total du lundi de Pentecôte, nous réclamions la réouverture des négociations salariales, et la défense des 35 heures (que la direction cherche à remettre en cause à notre désavantage). Les discussions allaient bon train sur les profits de Total et sur le gouvernement, notamment sur Raffarin qui a fini par déclarer jeudi soir 19 mai, alors qu'il était au Havre, que Total pouvait bien payer le lundi de Pentecôte à ses salariés, avec ses bénéfices!

Finalement, le vendredi, la direction de Total a reculé sur tout: elle nous rend un jour de congé et elle prend en charge l'augmentation de 8% de notre mutuelle. Après avoir annoncé qu'elle payait quatre jours de grève sur cinq, elle a dû accepter finalement de les payer en totalité. Enfin, elle a ouvert des négociations sur d'autres sujets: salaires, formation, prévoyance...

Après cette annonce, vendredi 20 mai au soir, à Gonfreville, nous avons de nouveau voté la grève à 100%, pour attendre l'attitude des autres raffineries. Finalement le travail a repris le lendemain à 13 heures, dans une ambiance de fête. Évidemment satisfaits d'avoir fait reculer la direction du groupe, qui se vante d'être en première position du CAC 40, et d'avoir montré que nous étions capables d'arrêter la production d'un jour à l'autre.

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