Irak : Une population prise en otage26/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1921.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Une population prise en otage

Il y a plus de deux ans, le 1er mai 2003, Bush annonçait la fin officielle des combats en Irak. Depuis, le coût de cette guerre "gagnée" ne cesse de s'accroître, en dollars mais surtout en vies humaines. 1641 soldats américains, sans compter les autres forces de la coalition, ont été tués depuis le début de l'invasion de l'Irak en mars 2003 et le nombre de victimes civiles irakiennes, difficiles à évaluer, se chiffrerait pas dizaines de milliers.

Après deux ans de chaos, la taille du contingent que les États-Unis mobilisent, à grand renfort de sergents recruteurs, pour continuer à mener leur guerre dans plusieurs régions de l'Irak atteint encore 140000 hommes. Malgré des opérations militaires spectaculaires, telle l'offensive présomptueusement baptisée "Matador" et lancée début mai dans la province d'Al Anbar, au nord-ouest du pays, près de la frontière syrienne, qui a mis en oeuvre mille marines, des hélicoptères, des avions de chasse, de l'artillerie et des blindés dans le but affiché de réduire la guérilla sunnite, l'état-major américain ne peut crier victoire. Ses hauts faits d'armes se soldent par des destructions d'habitations et le ratissage systématique des ruines destiné à en faire sortir les "rebelles".

Comme témoignage en creux des difficultés rencontrées par l'armée d'occupation, des milliers de soldats américains ont déjà déserté depuis de début de la guerre. Quant à la "coalition", elle a déjà perdu la moitié de ses membres et, après le retrait des troupes espagnoles, on parle de retrait des forces bulgares et italiennes, voire des troupes britanniques.

De leur côté, les actions armées contre les troupes d'occupation ou les attentats contre les populations civiles ne montrent aucun signe de diminution. Pendant le dernier trimestre de 2004, 1850 attaques avaient été dénombrées contre les troupes américaines et, ces derniers mois, depuis la formation du gouvernement issu des élections du 30 janvier, les attentats, enlèvements et assassinats ne cessent de se multiplier. Ils peuvent viser des personnalités, comme le haut responsable du ministère de la Sécurité nationale irakienne, mais ils visent aussi souvent la population, de façon aveugle, comme le démontre le bilan de la journée du 23 mai dernier, où les voitures piégées et les bombes ont tué 49 personnes et en ont blessé 130 autres.

Ces attentats récents visaient des responsables chiites et les fidèles d'une mosquée, chiite également. En effet, un des sous-produits de l'intervention militaire américaine, et de ces deux années d'occupation, a été non de rétablir une prétendue "démocratie" mais de remettre en selle des partis religieux rétrogrades, qui s'affrontent pour le pouvoir dans une ville ou une région, et en font payer le prix à la population. Parfois même, leurs milices viennent à la rescousse de l'état-major américain.

C'est une véritable poudrière que l'impérialisme a créée par l'invasion de l'Irak; son maintien obstiné de troupes d'occupation ne fait qu' imposer à la population une violence quotidienne et permet en outre à des courants réactionnaires de se poser comme l'incarnation de la résistance contre l'occupation. Non seulement les otages aux mains des terroristes ou des mafieux leur sont redevables de leur terrible infortune, mais les vingt-quatre millions d'Irakiens n'ont d'autre perspective à attendre de Bush, Blair et leurs semblables que de subir les interminables soubresauts d'une guerre qui n'en finit pas. Les troupes d'occupation doivent évacuer l'Irak!

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