STMicrolectronics - Grenoble : Arrêt des subventions et interdiction des licenciements !26/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1921.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

STMicrolectronics - Grenoble : Arrêt des subventions et interdiction des licenciements !

La direction de STMicroelectronics, fabricant de semi-conducteurs, vient d'annoncer la suppression de 3000 emplois dans le monde, sauf en Asie du Sud-Est, soit 6% des effectifs mondiaux. Ces licenciements doivent être effectifs d'ici mi-2006. D'après les syndicats, 900 emplois sont visés en France, 500 au Maroc, d'autres en Belgique, aux États-Unis, etc.

Depuis sa création en 1987, à partir de la fusion de Thomson Semi-conducteurs et de SGS, une entreprise d'État italienne, elle n'a cessé de licencier partout dans le monde, tout en bénéficiant de subventions des États français et italien, ainsi que des régions et autres collectivités locales et même de programmes européens tel JESSI. Ces subventions représentent annuellement plusieurs centaines de millions d'euros. Cela a permis de dégager tellement de profits que STMicroelectronics a été coté en Bourse et que le cours de son action a été multiplié par 16 en cinq ans.

De plus, l'État et les collectivités locales se plient à tous les désirs de ST. C'est par exemple l'autorisation de contrats dit "fin de chantier", utilisés seulement dans le BTP, que ST utilise avec l'approbation des pouvoirs publics pour mettre fin aux contrats de l'usine "6 pouces" de Rousset (près de Marseille) dont la fermeture est programmée. ST a fermé son usine de Rennes l'année dernière; l'État, actionnaire avec droit de veto sur les décisions et détenant 16,3% du capital, ne s'est pas opposé à cette décision, bien au contraire. Le ministre UMP de l'Industrie de l'époque, Mer, parlait de "plan de licenciements exemplaire" et l'État envoyait les CRS quand des travailleurs en colère s'opposaient à la sortie de machines devant être installées à Singapour.

Quant aux collectivités locales, elles n'ont pas apporté plus d'aides aux salariés. Alors que le Conseil régional de Rhône-Alpes verse 29 millions d'euros (sur les 543 millions qui seront versés toutes subventions confondues) à ST, Philips et Freescale pour le projet Crolles II, près de Grenoble, le PS, comme la droite, a maintenu son vote favorable à ces subventions malgré les licenciements à Rennes. Des représentants du PS ont justifié ce vote en disant n'avoir pas voulu gêner ST! À l'annonce récente des 3000licenciements, le député PS de Crolles a annoncé qu'il ne pourrait pas accepter de signer à nouveau les subventions dans de telles conditions. Un coup de fil d'un des cadres dirigeants de ST, l'informant que les licenciements à Crolles ne concerneraient que peu de salariés, a suffi à le convaincre... Et le flot de subventions n'est pas près de se tarir, ST participe à un nouveau projet avec d'autres entreprises de l'agglomération grenobloise, Minalogic, pour lequel elle est bien placée. Il y a à la clé 750millions d'euros d'argent public sur trois ans.

Du côté des syndicats, la CGT est le seul qui appelle les travailleurs à se mobiliser contre les licenciements, même si ses arguments portent plus sur la perte du savoir-faire, non pas français mais européen, au profit de l'Asie du Sud-Est.

Des manifestations étaient prévues vendredi 27 mai dans les usines en France (Tours, Rousset, Grenoble et Crolles) et aussi en Italie. Il faut souhaiter qu'elles soient le plus suivies possible et puissent être le début de la riposte.

Cette multinationale est froidement déterminée à mener à bien ces licenciements. Pour la faire reculer, ce n'est plus le savoir-faire à concevoir et fabriquer des semi-conducteurs qui sera déterminant. Ce sera le savoir-faire que les travailleurs de ST et des autres entreprises sauront acquérir dans la lutte pour imposer l'interdiction des licenciements.

Partager