Arcelor Montataire (Oise) : Les travailleurs réagissent aux attaques26/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1921.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arcelor Montataire (Oise) : Les travailleurs réagissent aux attaques

Jeudi 19 mai pour la troisième fois en quinze jours une bonne partie des ouvriers de l'usine Arcelor de Montataire, dans le bassin creillois, arrêtait le travail et bloquait tous les accès à l'usine pour protester contre les baisses de salaires et l'aggravation des conditions de travail que la direction du groupe voudrait imposer à cette usine, avant sans doute, si elle y arrivait, de l'étendre aux autres salariés des différentes usines. La mobilisation s'est maintenue les deux jours qui suivirent.

Ce trust, aujourd'hui numéro 2 mondial de l'acier, a déjà multiplié par 8 ses bénéfices 2004 par rapport à 2003, et réalisé, par rapport aux records de l'an passé, des résultats encore en très forte hausse au premier trimestre 2005. Mais la direction ne cesse de vouloir baisser les coûts de production par tous les moyens et sur le dos du personnel. Elle a mis en route un énième plan pluriannuel de plusieurs milliers de licenciements dans le monde, dont 432 à l'usine de Montataire sur un effectif total de 1275personnes. Et maintenant elle a réussi à faire conclure, avec l'aide de syndicats minoritaires, un accord au niveau du groupe qui ouvre la voie à des remises en cause sur les salaires et les conditions de travail, déjà très dures dans ce groupe sidérurgique.

C'est la mise en route de ce plan qu'elle essaye de faire passer au niveau local à l'usine de Montataire en faisant semblant de négocier. Fidèle à sa tactique de diviser pour régner, la direction a modulé ses attaques. Elle a fait porter les principales remises en cause sur les ouvriers en 4x8 et surtout le 4x8 continu, qui regroupent la partie la plus combative des salariés, se disant sans doute que si cela passait là, cela serait plus facile ensuite pour imposer ce plan pour le reste du personnel. Elle veut faire baisser d'environ 5% pour tous la base des salaires, et en plus augmenter les horaires de travail pour un même salaire.

Pour noyer le poisson la direction a mis au point un système de compensation des pertes de salaires pour le personnel actuellement embauché, si compliqué que personne n'y comprend rien. Le message qu'elle fait passer au personnel de journée ou des 2x8 est: "Vous n'avez rien à craindre, vous,vous ne perdez rien", tandis qu'à ceux des 4x8, elle demande de lui faire confiance... Mais la CGT, et même la CFTC, pourtant signataire au niveau national, ont dénoncé les conséquences de ce projet.

Pour les nouveaux embauchés et les nombreux intérimaires, présents en permanence, la baisse des salaires serait immédiate et pourrait frôler ou dépasser les 5%. Pour le reste du personnel, les pertes de salaires seraient modulées mais s'appliqueraient au bout du compte. D'autant que près de 40% du personnel aura 55 ans en 2005. En plus de cela les salariés en 4x8 continu pourraient être amenés à l'avenir à devoir travailler plusieurs jours supplémentaires certains mois.

Le 19 mai, alors que 300 salariés avaient cessé le travail et qu'une centaine d'entre eux étaient allés dire à la direction ce qu'ils pensaient, le directeur de l'usine a déclaré: "Le problème n'est pas de savoir si les gens sont contents ou pas, c'est de savoir si tout le monde est prêt à se mobiliser pour pérenniser cette usine". C'est particulièrement cynique, car l'essentiel des 432 suppressions d'emplois est encore à venir avec les drames que cela va entraîner. Pour eux, l'avenir c'est l'ANPE ou, au mieux, un nouveau déménagement quelque part en France.

Et puis chacun a pu vérifier ce que valait ce genre de discours. Comme par exemple les salariés du groupe Arcelor de l'usine de Biache, dans le Pas-de-Calais, qui après avoir fait beaucoup d'effort, se sont vus remerciés par la fermeture définitive de leur usine.

En se défendant face aux attaques de ce trust multimilliardaire, c'est bien les intérêts de tous les salariés d'Arcelor que les travailleurs de Montataire défendent.

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