Education nationale : À l’heure des suppressions d’emplois05/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1840.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Education nationale : À l’heure des suppressions d’emplois

Le budget 2004 de l'Éducation nationale examiné par l'Assemblée nationale durant la première semaine de novembre met en place «un plan pluriannuel de suppressions d'emplois», dans lequel le gouvernement n'est guidé que par la volonté de faire des économies dans le secteur de l'Éducation nationale.

Des milliers de postes supprimés

Le gouvernement prévoit la suppression de 3600 postes budgétaires: 1100 postes d'employés administratifs et 2500 postes d'enseignants stagiaires. Ces derniers sont des enseignants qui viennent de réussir leur concours et qui, durant leur première année d'apprentissage, font quelques heures de cours. Ces postes supprimés, qui viennent s'ajouter aux 3000 places non pourvues aux concours 2003, annoncent donc une future baisse du recrutement. Dans l'enseignement primaire, les 1500 postes qui sont créés ne compensent pas l'augmentation du nombre d'élèves (55000 élèves supplémentaires prévus) et, de plus, ils sont «pris» sur le second degré par «redéploiement». Dans l'enseignement secondaire, collèges et lycées, 4000 postes sont supprimés, des départs à la retraite non remplacés. Enfin, pour l'encadrement des élèves, les 23000 surveillants et aides-éducateurs ne sont remplacés que par 14000 nouveaux assistants d'éducation. Cela veut dire des milliers d'adultes en moins dans les établissements scolaires. Et il faut ajouter encore à tout cela la suppression de près de 5000 CES (Contrat emploi solidarité) ou CEC (Contrat emploi consolidé) dans le secteur de l'Éducation nationale, qui étaient certes des emplois précaires et sous-payés, mais qui ne sont remplacés par rien d'autre. Au bout du compte, des milliers de postes sont supprimés.

Toujours les mêmes prétextes

Le prétexte invoqué par le gouvernement pour faire ces coupes claires est la prétendue baisse du nombre d'élèves. Qu'en est-il? En fait 55000 élèves supplémentaires sont prévus à la prochaine rentrée dans le primaire, alors que les effectifs attendus du secondaire sont en diminution. Selon des prévisions très officielles, puisqu'elles figurent dans un rapport du budget, le nombre d'élèves devrait être globalement stable entre la rentrée 2001 et la rentrée 2007.

L'autre prétexte avancé pour justifier les économies opérées est l'importance du budget de l'Éducation nationale. Ce budget s'élève à 70,8 milliards d'euros, dont 55,5 milliards sont consacrés à l'enseignement scolaire: 10,7 milliards d'euros pour l'enseignement maternel et primaire, 23,8 milliards d'euros pour les collèges et les lycées. Ce chiffre peut impressionner, mais il est à mettre en parallèle avec les 19 milliards d'exonérations de cotisations dont les patrons bénéficient chaque année, presque deux fois plus que le seul budget consacré à l'enseignement en maternelle et en primaire. Les défenseurs de l'austérité dans le domaine de l'éducation pourraient rétorquer que ce budget est tout de même en augmentation de 2,8%. Mais le budget d'équipement des armées augmente, lui, de 7% pour 2004.

Une situation qui se dégrade

Tous ces mensonges ne visent qu'à justifier les suppressions de postes. Et de ce fait, d'année en année, la situation s'aggrave. Au lieu de créer des postes d'enseignants, nécessaires pour que les élèves étudient dans de bonnes conditions, pour que tous sachent lire correctement (15% des élèves qui rentrent au collège présentent de graves lacunes en lecture), les gouvernements successifs en éliminent. Non seulement les effectifs ne diminuent pas dans les classes, mais ils augmentent la plupart du temps. Les enseignants ne sont plus remplacés lorsqu'ils tombent malades. Les ministres de l'Éducation nationale ne sont jamais à court de grandes idées pédagogiques qui aboutissent à une diminution d'heures d'enseignement, permettant ensuite de diminuer le nombre de professeurs.

Les jeunes des classes populaires sont les plus pénalisés par cette politique, car ils n'ont souvent que l'école pour acquérir des connaissances et ainsi élargir leur horizon. Mais ce gouvernement, tout comme le précédent, se soucie avant tout de financer les multiples aides à ce patronat qu'il sert, même s'il faut sacrifier pour cela l'éducation de toute une partie de la jeunesse.

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