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Nos lecteurs écrivent : Des moyens peau de chagrin pour l’école
À Puteaux, dans les Hauts-de-Seine, la rentrée a eu lieu comme partout sous le signe de la dégradation du service public. Dans mon école maternelle de cinq classes, il n'y a plus d'aide-éducatrice depuis janvier dernier, malgré des effectifs lourds, entre 26 et 30 enfants par classe. Nous ne pouvons plus faire l'accueil des moins de trois ans, faute de places.
Quant au personnel municipal, il subit depuis deux ans des mutations forcées.
Le maire de droite, champion depuis 35 ans du combat antiouvrier dans «sa» ville, prétend que c'est pour «se former en allant voir ce qui se fait ailleurs». Mais ces mutations aboutissent à casser les relations de travail tissées entre les enseignants et ces personnels, et cela n'est certainement pas un hasard. Parents et enseignants ont protesté mais sans résultat: depuis deux ans, c'est tout le personnel qui a été muté. Même au personnel qui arrive, on a bien fait comprendre qu'il ne devait pas trop «s'attacher à l'école».
Dans l'école, il y a aussi des animateurs qui assurent l'accueil du matin et du soir en dehors des heures scolaires, dès 7 heures le matin et jusqu'à 19 heures. A la cantine, pour aider au repas des petits, ce sont soit des enseignants volontaires, soit les animateurs, soit des vacataires. Ils ne sont pas toujours au complet
Lundi 13 octobre, la conjonction de tous ces manques a rendu la situation insupportable. En effet deux institutrices absentes n'avaient pas été remplacées, faute de personnel disponible à l'inspection départementale. Nous n'étions plus que trois pour accueillir les enfants présents. Des parents se sont débrouillés au pied levé pour faire garder leurs enfants et les autres enfants ont été répartis: 6 à 7 en plus dans chaque classe. Mais la question se posait aussi pour la surveillance de la cantine. Il était prévu de longue date qu'un animateur soit en stage et donc absent. Il a fallu aussi faire le travail à la cantine pour que les enfants puissent manger dans de bonnes conditions! Résultat: une journée de «garderie» harassante pour tous, dans la promiscuité et l'agitation pour les enfants, et sans souffler pour les institutrices!
Est-ce cela le «service minimum» dont parlent les politiciens? Qu'en est-il dans ces cas-là de la «continuité du service public» et de la galère des parents, dont on nous rebat les oreilles quand les enseignants sont en grève? Ce n'était qu'une journée, certes, mais rien ne dit que cela ne se reproduira pas, au vu de la pénurie organisée de personnels d'encadrement.
Pour l'école, il faut des moyens et pas des discours! En tout cas, à Puteaux, ils existent, car c'est l'une des villes les plus riches du pays, grâce à la présence sur son sol des bureaux du quartier de la Défense. Mais visiblement cette richesse n'est pas destinée à améliorer le service public, même «décentralisé».