La fin du monopole de l’ANPE : Au profit d’agences privées05/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1840.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La fin du monopole de l’ANPE : Au profit d’agences privées

Le projet de loi sur la formation professionnelle, qui doit être présenté jeudi 12 novembre en Conseil des ministres, prévoit de mettre fin au monopole de «placement» de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) et de l'ouvrir à la concurrence en autorisant la création d'agences de placement privées. A défaut de combattre le chômage, l'objectif avancé par le gouvernement serait de «fluidifier le marché du travail», en adaptant la main-d'oeuvre aux besoins du marché.

Selon le patronat, des milliers d'emplois ne seraient pas pourvus, faute d'adéquation entre les offres et les qualifications des travailleurs. Le but des nouvelles agences serait de mieux «cibler» les besoins, ceux des employeurs bien sûr, de leur fournir les bras souhaités, quitte à écarter les demandeurs d'emploi qui n'auraient pas le «profil», pour reprendre le jargon à la mode. Ceux-là, c'est-à-dire les travailleurs les moins qualifiés -les jeunes, les plus de 50 ans et les femmes- pourront toujours continuer à s'adresser à l'ANPE.

Le monopole de l'ANPE existait plus dans les textes que dans la réalité. Alors qu'elle était censée regrouper toutes les offres d'emploi (à l'exception des cadres ou des employés de maison), dans les faits, seules 40% d'entre elles passaient par ses services. La plupart des grandes entreprises recrutent bien souvent par l'intermédiaire des agences d'intérim, ce qui leur permet d'user de pressions sur les intérimaires en leur promettant une embauche en fixe, bien au-delà de la période d'essai prévue par les accords.

Ces agences privées devraient bénéficier de l'aide financière des Assedic. Déjà, celles de l'Ouest francilien ont passé un contrat avec une société privée qui touche 3000 euros par chômeur recasé. En contrepartie, l'ANPE pourrait elle aussi se faire payer ses services. Comme on le voit, en même temps que le gouvernement réduit l'aide aux chômeurs, il s'apprête à distribuer l'argent des caisses de l'Assedic à des loueurs d'hommes et de femmes dont le rôle sera de fournir aux employeurs de la chair à produire des profits.

La fin du monopole de l'ANPE ne créera pas un emploi de plus mais, pour le gouvernement, elle aura l'avantage de masquer le nombre de chômeurs officiels comptabilisés par l'ANPE.

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