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Editorial
Irak : Le véritable terroriste est George Bush, représentant en placements pétroliers
L'attentat de dimanche 2 novembre contre un hélicoptère américain, où 18 soldats qui retournaient en permission aux USA ont trouvé la mort, est le dernier en date des symboles de la situation inextricable dans laquelle le gouvernement américain et George Bush en tête ont, en provoquant cette guerre, engagé leurs soldats et leur pays.
Le gouvernement américain rend responsables de ces actes, tour à tour ou en même temps, des partisans de Saddam Hussein ou des membres de réseaux d'Oussama Ben Laden. Sans doute parce qu'il est plus facile de trouver des fantômes à accuser que de faire face à une guérilla qui s'étend. Ou que d'expliquer pourquoi cette guérilla, qui ne peut exister et survivre quel que soit son nombre qu'avec le soutien d'une grande partie de la population, rencontre un tel appui dans le peuple irakien.
Colin Powell, le secrétaire d'État des USA aux affaires étrangères, aurait déclaré: «Nous n'avions pas prévu cela!».
C'était pourtant largement prévisible. Les USA étaient payés pour savoir, après leur défaite au Vietnam, que des troupes étrangères envahissant et occupant un pays ne sont jamais les bienvenues, à moins de chasser un autre envahisseur. Mais même dans ce cas, il ne faut pas qu'elles restent trop longtemps.
Les USA ont, bien sûr, supprimé la dictature de Saddam Hussein. Mais, pour tout le peuple irakien, ils l'ont remplacée par la leur. Les chars américains patrouillent dans les rues. Des quartiers ou des maisons sont brutalement perquisitionnés. La population se trouve toujours sans travail et contrainte de vivre dans les ruines de ses villes et villages. Les USA sont toujours incapables de réparer les bâtiments, les maisons détruites par leurs bombardements ou par leurs chars, et incapables d'enlever toutes les bombes qui ont labouré certains champs sans exploser. Ils ont ramené l'électricité dans quelques villes mais sont loin de l'avoir fait partout. La population vit, depuis la guerre, dans une misère bien plus grande encore que celle qu'elle connaissait avant le conflit.
Le gouvernement américain ne s'est pas engagé dans cette guerre pour détruire les armes de destruction massive car il n'y en avait pas. Il ne s'y est pas engagé non plus pour extirper le terrorisme car rien ne prouve que les chefs des organisations qui ont fait sauter les deux tours jumelles de New York se trouvaient en Irak.
Par contre, ce qui se trouvait en Irak, ce sont d'immenses réserves de pétrole qui excitaient la convoitise des grandes compagnies américaines et anglaises.
Si les USA ont souhaité que la guerre se mène avec des alliés mais sans en partager la direction avec l'ONU ou quelque autre puissance que ce soit, c'est parce qu'ils voulaient être entièrement libres de partager ce pétrole entre ceux des monopoles qu'ils voulaient favoriser.
Et si Chirac ne s'est pas joint à cette guerre, ce n'est pas par pacifisme. C'est parce que les USA avaient affirmé et réaffirmé que, de toute façon, ils seraient seuls à diriger ce qu'ils appelaient «la reconstruction» de l'Irak, c'est-à-dire le dépeçage de ses richesses pétrolières. C'est pour cela que Chirac pour l'impérialisme français et Schröder pour l'allemand boudent les appels au secours militaire de George Bush. En fait, le bourbier où s'enlisent les USA les arrange. Ils espèrent que cela amènera ceux-ci à partager. Peut-être le prétexte en sera-t-il un changement du président des USA fin 2004.
En attendant, si même après que la guerre est terminée, de jeunes Américains meurent tous les jours en Irak, ce n'est ni pour sauver le monde d'attaques nucléaires ou biologiques, ni pour extirper le terrorisme mais, plus prosaïquement, pour les monceaux de billets issus de l'exploitation du pétrole. Dans ce monde, la véritable dictature c'est celle de l'argent. Ces jeunes meurent ou resteront invalides à vie, pour le plus grand profit des capitalistes, des banquiers et des boursiers.