Russie, après l’arrestation de Khodorkovsky : Le droit de propriété, c’est le vol05/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1840.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie, après l’arrestation de Khodorkovsky : Le droit de propriété, c’est le vol

L'arrestation du plus riche des «oligarques», Michaïl Khodorkovsky, et le gel de ses capitaux provoquent bien des remous, non seulement en Russie, mais dans les milieux capitalistes du monde entier. A Washington, le département d'État déclare que «le gel des capitaux soulève de sérieuses questions sur la manière dont sont appliquées les lois en Russie... (cette affaire) a fait naître des préoccupations parmi les investisseurs nationaux et internationaux quant au respect des droits de propriété».

Khodorkovsky s'apprêtait à conclure un accord avec des pétroliers américains leur permettant la mainmise sur une grande partie du pétrole russe. On comprend que les représentants des milieux d'affaires américains soient furieux. L'un des conseillers du Pentagone, Richard Perle, estime que la Russie «devrait être exclue du G8», et il ajoute «aucun des pays du G8 ne se permettrait de se conduire comme la Russie s'est conduite avec Khodorkovsky. La Russie se dirige à grand pas dans la mauvaise direction».

La question de la «sincérité» de la Russie dans son passage à l'économie de marché et au capitalisme se repose régulièrement au fil des années et les investisseurs (peu nombreux d'ailleurs) passent leur temps à se demander s'il faut fuir la Russie ou y revenir.

Dans son éditorial du 30 octobre, le journal économique La Tribune écrivait: «Imaginez que le président Jacques Chirac fasse jeter en prison l'un des hommes d'affaires les plus puissants de France et ordonne à la justice de saisir la majorité de ses avoirs? Un tel scénario est évidemment inimaginable en France...» et d'ajouter «À ceux qui l'avaient oublié, Vladimir Poutine vient donc de rappeler qu'à Moscou des notions aussi fondamentales que le droit de propriété ne sont pas assurées et que les bases juridiques du système russe sont encore bien minces».

Les autorités russes qui ne veulent surtout pas décourager les investisseurs insistent sur le fait que l'arrestation de Khodorkovsky est une affaire purement politique, et qu'elle ne doit en rien influer sur le monde des affaires.

Reste le fait que le plus important des patrons russes puisse être emprisonné comme un vulgaire malfaiteur (qu'il est d'ailleurs!) et que, dans ce pays, la situation de patron d'une entreprise n'est toujours pas vraiment garantie: le pouvoir peut la reprendre et la distribuer à un autre, à un homme à lui. Entre gangsters au pouvoir, «le droit de propriété n'est pas assuré».

Que Poutine massacre la population tchétchène, cela ne fait pas frémir les dirigeants occidentaux. Mais que, pour ses propres calculs, il puisse s'en prendre à l'un des «oligarques» qui mettent le pays en coupe réglée, et les voilà qui se désolent du non-respect du «droit de propriété».

On ne peut mieux dire que ce qui intéresse les capitalistes occidentaux, c'est d'avoir le droit d'aller tranquillement s'approprier les richesses du pays en pouvant le faire en toute sécurité.

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