Altis (Corbeil-Essonnes) : Nettoyage... esclavage!05/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1840.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Altis (Corbeil-Essonnes) : Nettoyage... esclavage!

Les équipes de nettoyage du site d'Altis à Corbeil (Essonne) sont en grève. Altis est une filiale d'IBM et de Siemens qui produit des composants électroniques. Les dirigeants se vantent de produire des produits de haute technologie mais, si les équipements valent des millions, les équipes de nettoyage doivent parfois se débrouiller avec des balais cassés et des serpillières trouées. La propreté la plus rigoureuse est pourtant indispensable dans les «salles blanches», où la moindre poussière peut altérer le fonctionnement des appareils. La production se faisant 24h/24, des équipes de nettoyage se relaient de 5 heures à 22 heures.

Altis ne montre pourtant que du mépris pour le personnel du nettoyage, qui a toujours été salarié d'un sous-traitant. En neuf ans, les effectifs sont passés de 92 à 52 personnes. Certaines personnes travaillent sur le site depuis trente ans et ont changé cinq fois de patron. Le dernier repreneur, ISS-Abilis, est une multinationale qui emploie 40000 salariés en France et a déjà remporté des contrats dans plusieurs hôpitaux de la région, où son personnel doit endurer les mêmes pressions.

Dès son arrivée le 1er juillet, ISS a montré son agressivité contre une déléguée syndicale dont il ne voulait pas, lui interdisant l'accès au site. Puis il a annoncé qu'il y avait 15 personnes en trop, le directeur allant jusqu'à dire que les plus de 55 ans étaient «en âge de partir». De plus, il tente d'imposer de nouveaux horaires, voulant faire venir le matin celles qui travaillent du soir. Pour obtenir ce qu'il veut, ISS use de pressions, menaçant de licencier ou de muter certaines salariées sur d'autres chantiers.

Loin d'obtenir le départ des syndicalistes, le patron a fini par déclencher la grève. Depuis le 22 octobre, les deux tiers des 52 salariés d'ISS occupent le hall d'accueil. Les quelque 1000 personnes qui travaillent quotidiennement sur le site ne manquent pas d'exprimer leur sympathie, car les problèmes d'horaires sont connus de tous. Vendredi 31 octobre, les grévistes ont retardé l'entrée de l'équipe de production du soir, ce qui a commencé à inquiéter Altis, car la moindre minute de retard de production sur de tels équipements lui coûte des milliers d'euros. A cause de la grève, le plan de nettoyage minutieux des faux planchers prend du retard, même si le patron fait venir des salariés d'autres sites pour tenter de respecter le contrat.

Vendredi 31 octobre, à la suite du blocage, la direction a prétendu se donner le temps de réfléchir pour donner une réponse... le jeudi suivant. En attendant, les grévistes tiennent bon et dénoncent la complicité d'Altis avec leur patron sous-traitant.

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