- Accueil
- Lutte ouvrière n°1840
- Budget de la Défense : Les industriels de l’armement bien servis!
Leur société
Budget de la Défense : Les industriels de l’armement bien servis!
Les députés ont voté le 4 novembre le budget de la Défense 2004. Il s'élève à 41,56 milliards d'euros (32,4 milliards d'euros, hors pension) contre 39,96 milliards l'an dernier (31,07 hors pension), soit une progression de 4%. Mais la part réservée aux crédits d'équipement (près de 15 milliards d'euros) augmente de 9,2%. Sur les deux derniers budgets, cela représente, cumulé, une progression de plus de 20%. Une belle hausse en ces temps où les économies budgétaires sont servies à toutes les sauces pour expliquer les multiples attaques contre les budgets sociaux.
Pour justifier que la «grande muette» dispose du second poste le mieux fourni du budget, la ministre Michèle Alliot-Marie s'est lancée dans un grand discours sur le «rôle international» de «la France, porteuse de valeurs universelles» et son «rôle dans l'organisation d'un nouveau monde».
Les «valeurs» dont se gargarise la ministre sont avant tout les profits des industriels de l'armement. Ceux-ci ont l'habitude, depuis toujours, de vivre aux crochets de l'État. C'est pourquoi le budget de l'armée est le deuxième budget et qu'il est dit «sanctuarisé», c'est-à-dire protégé.
C'est ainsi que les industriels comme Matra (EADS), Dassault et quelques autres vont vendre leurs coûteux matériels: un sous-marin nucléaire lanceur d'engins dit de la «nouvelle génération», cinq avions de combat Rafale, des missiles M51, 44 chars AMX, quatre frégates européennes «multimissions». Et on en profitera aussi pour mettre sur orbite les satellites Syracuse III et Hélios II. Toutes choses qui pour nos gouvernants sont bien plus urgentes que de trouver les 7 milliards d'euros qui manquent cruellement aux maisons de retraite, selon les professionnels du secteur eux-mêmes, pour embaucher les 250000 employés indispensables.
Mais le sort des vieux n'est pas plus pris en considération que celui des personnels de GIAT-Industrie, le Groupement industriel de l'armée de terre. 1500 salariés du secteur vont voir leurs emplois passer à la trappe. Car eux ne sont pas «sanctuarisés», ce sont les profits des patrons de l'armement qui le sont. Et ne parlons même pas du fait que les travailleurs de GIAT-Industrie seraient mieux employés s'ils fabriquaient des objets plus utiles que ce qu'on leur fait faire aujourd'hui. En temps de guerre, les chaînes de montage automobile, par exemple, se transforment rapidement en chaînes de production de matériel militaire, pourquoi l'inverse ne serait-il pas possible?
La ministre a expliqué qu'elle entend veiller à ce que «chaque euro soit le mieux utilisé». Du point de vue des industriels de l'armement, certainement.