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Après le congrès de la LCR : L’état des discussions
Le congrès de la Ligue Communiste Révolutionnaire a donc approuvé, par un vote majoritaire, le projet d'accord entre la LCR et LO pour présenter des listes communes aussi bien aux élections régionales qu'aux élections européennes de 2004. Il s'est également prononcé pour les axes de ces deux campagnes tels qu'ils ont été définis, par les représentants des deux organisations, par un projet de protocole d'accord et un projet de profession de foi.
Nous nous en réjouissons car, ainsi que nous l'avons formulé dans notre lettre du 28 juin où nous avons proposé à la LCR d'entamer des discussions pour présenter des listes communes, il nous apparaissait «possible et utile de trouver un accord pour transformer ces campagnes électorales en une lutte sur le terrain des revendications essentielles et vitales du monde du travail...avec comme revendications essentielles l'interdiction absolue des licenciements collectifs et la réquisition des entreprises qui licencient tout en faisant du profit, et surtout, le contrôle public de la collectivité sur la comptabilité des grandes entreprises». Nous avons pu, en effet, nous mettre d'accord sur une plate-forme sans qu'aucune des deux organisations ait eu à renier ses idées.
Nous serons ensemble pour dénoncer la politique d'agression du gouvernement Chirac-Raffarin contre les travailleurs, tout en nous opposant à la gauche gouvernementale qui, non seulement a mené une politique correspondant aux intérêts du grand patronat préparant ainsi le terrain pour le retour de la droite, mais qui aujourd'hui encore, dans l'opposition, se garde bien de prendre des engagements vis-à-vis des travailleurs, ne serait-ce que celui de supprimer dès son retour éventuel au pouvoir toutes les mesures antiouvrières prises par le gouvernement Chirac-Raffarin.
Bien sûr, il reste encore à discuter avec nos camarades de la LCR de certaines questions, comme, par exemple, les modalités du maintien de nos listes au deuxième tour. C'est le gouvernement Chirac-Raffarin , reprenant un projet de Jospin, qui a modifié la loi électorale pour ces élections régionales en inventant un deuxième tour et en fixant à 10% des voix la barre à franchir pour pouvoir s'y maintenir. Cette mesure vise les petits partis et, sur l'échiquier électoral, il n'y a que l'extrême gauche qui devait être ainsi écartée. Si les électeurs populaires donnent à nos listes la possibilité de se maintenir, ce sera déjà une victoire contre le gouvernement Raffarin.
Nous pensons donc que, dans les régions où nos listes en auront la possibilité, elles devront se maintenir au second tour. Ceux qui voteront au premier tour pour nos listes ne le feront pas pour que nous abandonnions le terrain au deuxième tour. De toute façon, ils ont les moyens, par leurs votes, d'approuver ou non notre présence et ce n'est pas à nous de les censurer et de leur enlever la possibilité d'avoir un autre choix qu'entre le Front National d'un côté et une liste de droite de l'autre, ou une liste de la gauche gouvernementale, voire une fusion des listes gauche-droite, de l'autre.
D'autant que, dans la plupart des régions, le Front National sera présent aux deux tours. La façon la plus efficace de combattre l'influence électorale du FN dans les milieux populaires est de reconquérir ceux qui ont été abusés par le milliardaire antiouvrier Le Pen. Il faut que, face au FN et au danger qu'il incarne s'affirme une opposition radicale, non déconsidérée comme l'est la gauche, et décidée à faire contrepoids.
Au-delà des milieux réactionnaires, sa clientèle traditionnelle, le Front National se nourrit des désillusions, des désespoirs d'une partie des milieux populaires, écoeurés par la politique menée par la gauche gouvernementale pendant cinq ans et, depuis un an et demi, par la droite Chirac-Raffarin. On ne peut redonner confiance et espoir à ceux-là qu'en montrant qu'il existe dans ce pays un courant politique qui ne s'est compromis avec aucun des partis défenseurs de la bourgeoisie qui se succèdent au pouvoir depuis vingt-cinq ans. Un courant qui n'a jamais cessé de défendre les intérêts du monde du travail et qui est déterminé à combattre la démagogie d'extrême droite, tout en s'opposant aux partis gouvernementaux.
Le Parti Socialiste n'est pas un rempart contre l'extrême droite, alors que sa responsabilité est écrasante dans la montée du FN. Et, à plus forte raison, il ne peut être question de se retirer au deuxième tour en faveur de la droite de Chirac-Raffarin, ni lorsqu'elle reste seule en lice au deuxième tour, ni lorsqu'elle s'intègre dans un prétendu «front républicain». D'autant moins que nombre de politiciens de droite ont montré avec quelle facilité ils peuvent s'acoquiner avec les représentants du FN, qui viennent souvent de leurs rangs.
Nous pensons que, par-delà des formulations différentes, nous partageons avec la LCR le même désir de ne pas laisser le terrain au Front National et la même conscience de la nécessité d'opposer au Front National un «pôle de radicalité» et qu'en conséquence, il ne nous sera pas difficile de nous mettre d'accord sur une attitude commune sur cette question.
De la même manière, nous avons bon espoir que la répartition des têtes de listes entre les régions et entre les sections départementales se fera dans un esprit fraternel et avec la volonté d'aboutir à un accord, un accord équilibré, dont les deux organisations puissent être satisfaites sans réserve.