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Leur société
Chèques payants : Les banques préparent un hold-up
Avec le passage à l'euro, les banques ont trouvé un prétexte pour tenter de nouveau de faire accepter le paiement des chèques bancaires. Il serait aussi question de faire payer les retraits par carte bancaire. Ainsi à chaque opération des usagers, la banque prélèverait sa dîme. Pour l'instant, le gouvernement n'est pas d'accord, mais les dirigeants des grandes banques n'ont pas dit leur dernier mot.
Le prétexte invoqué est l'harmonisation européenne. Le directeur général de la Fédération bancaire française (FBF), Gilles Guitton, a déclaré dans le journal La Tribune que : " Les banques françaises sont les seules en Europe à ne pas avoir de facturation pour les deux systèmes de paiement les plus utilisés, le chèque et les cartes bancaires. " A les entendre, les banquiers seraient des philantropes, perdant jusqu'à présent de l'argent au service de leurs clients. Pour un peu, ils nous feraient pleurer !
En réalité, beaucoup de services sont déjà payants. La plupart des banques font payer la possibilité d'avoir une autorisation de découvert dans le mois. Autorisation de découvert, carte bancaire, cela coûte à ceux qui souscrivent à ce service plusieurs dizaines d'euros par an. Si les banques imposaient le paiement des chèques, de 0,3 à 0,9 euros (2 à 6 F) le chèque, comme elles l'envisagent, cela toucherait encore plus de salariés, car il est difficile de se passer de chéquiers pour payer ses factures.
Les banques françaises disent avoir dépensé au total 4,6 milliards d'euros, depuis 1998, pour réussir le " basculement " vers la nouvelle monnaie. Mais cette somme ne paraît énorme que dans le monde de ceux qui gagnent le SMIC. La seule BNP Paribas vient de dépenser 2,7 milliards d'euros pour acquérir une autre banque, United California Bank (UCB).
Les banquiers se proposent donc de faire payer le coût du basculement à l'euro y compris à des salariés qui n'ont pas d'autre choix que d'avoir un compte en banque pour toucher leur salaire. Ils parlent, certes, d'une contrepartie : la rémunération des dépôts sur les comptes bancaires. Il était question l'an passé d'un intérêt de... 0,5 % : quelques euros pour des petits dépôts, alors que les " services " bancaires payants feront dépenser beaucoup plus. Comme la plupart des salaires sont faibles, et donc vite dépensés, ils ne resteront pas assez longtemps sur les comptes pour permettre de bénéficier de cette contrepartie.
On peut faire confiance aux banques pour réussir à faire encore plus de profit. Pour les neuf premiers mois de l'an 2000, le bénéfice de la BNP Paribas se chiffrait à 22,3 milliards de francs, une hausse de 56 % par rapport à la même période de 1999, celui de la Société Générale avoisinait, pour la même période, les 14 milliards de francs (+86 %) et celui du Crédit Lyonnais s'élevait à 4,9 milliards de francs (+35%).
Ces bénéfices proviennent des placements spéculatifs réalisés avec l'argent des salariés. Mais ils en veulent plus !