Loi sur l'eau : Tempête ans un verre d'eau11/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1746.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Loi sur l'eau : Tempête ans un verre d'eau

Le projet de loi sur l'eau, qui vient d'être mis en discussion à l'Assemblée nationale, n'a à peu près aucune chance d'être adopté avant les prochaines élections. Alors pourquoi le discuter maintenant ? Il s'agit de satisfaire l'électorat écologiste, avant les élections justement, ou plus exactement de faire semblant. Car le gouvernement ne veut pas non plus déplaire à tous ceux qui tirent profit de l'eau. C'est pourquoi le texte initial a déjà, avant présentation à l'Assemblée, connu dix-sept modifications, qui l'ont en grande partie vidé de son contenu. Et les députés et sénateurs n'en ont certainement pas terminé avec ce jeu de massacre. Dominique Voynet, l'initiatrice du projet a même déclaré qu'" il y a une disproportion entre les efforts déployés et le résultat obtenu " et que, si c'était à refaire, elle ne le referait pas.

Dans son état actuel, le texte envisage de limiter la durée des conventions entre les compagnies des eaux et les collectivités locales à douze ans (et peut-être même dix) au lieu de vingt ans. Actuellement, une fois que les contrats sont signés, les municipalités qui confient leurs services des eaux à des sociétés privées peuvent difficilement se dégager.

D'autre part, une des mesures présentées comme essentielles, consisterait à faire supporter aux agriculteurs une partie des frais des pollutions dues à l'usage excessif de certains engrais.

Mais toutes ces mesures, dont on verra ce qu'il restera dans quelques mois, ne sont pas satisfaisantes. En réalité, l'eau devrait être un service public, comme l'électricité ou les chemins de fer, au même tarif pour tout le monde. Mais cela aucun des partis de la gauche plurielle n'ose le proposer, de crainte de mécontenter les innombrables profiteurs de l'eau.

Il y a longtemps, dans les campagnes, l'eau était à peu près pure et gratuite. Avec la croissance des villes, il faut la faire venir de loin, et il faut de plus en plus la traiter pour la rendre potable. Réseaux d'adduction d'eau, évacuation des eaux usées, usines de traitement, tout cela a un coût, et les compagnies s'en servent pour justifier le fait que le prix de revient de l'eau augmente, et qu'il faut le faire payer aux usagers.

Mais les plus gros pollueurs que sont les industriels (car ce sont eux qui sont derrière une grande partie des pollutions qualifiées d'agricoles ou de domestiques) ne payent que très peu la redevance pollution. Et les trois trusts du traitement et de la distribution des eaux, Vivendi, Lyonnaise des Eaux, et Saur (qui fait partie du groupe Bouygues), se partagent un marché immense (77 % de la population) et très rentable. Le projet de loi vert pâle est fort loin de vouloir faire payer ces gens-là.

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