Passage à l'euro... et queues interminables !11/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1746.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Passage à l'euro... et queues interminables !

L'arrivée de l'euro après le 1er janvier s'est traduite par des queues considérables, de une, voire deux heures ou plus, dans les agences bancaires, et du coup dans les bureaux de La Poste, dans bien des quartiers populaires en particulier. Les banques dans la plupart des cas n'ont rien fait, par volonté d'économie, pour prévoir les moyens exceptionnels nécessaires pour faire face à cette situation prévue.

Dans bon nombre d'agences bancaires, les guichets pour servir les clients en euros étaient réduits à la plus simple expression : il n'y avait qu'un guichet d'ouvert. Par contre les guichets pour remises de chèques et d'argent, spécifiques pour les " professionnels ", marchaient normalement sans qu'il y ait une quelconque queue à subir. Dans bien des quartiers populaires les queues débordaient sur les trottoirs à l'extérieur des agences, dans le froid.

De plus la plupart des banques ont tout fait pour se défausser de leurs obligations. Elles refusaient quasi systématiquement la clientèle extérieure à la banque et seule La Poste acceptait de changer des francs contre des euros pour tout le monde, dans la limite de deux mille francs. Ce qui a encore allongé les queues dans les bureaux de poste.

Mais même vis-à-vis de leurs propres clients, bien des agences bancaires avaient la consigne de refuser de faire le change de francs en euros, limitant les opérations au retrait en euros du compte de chaque personne. Ainsi, des clients devaient d'abord déposer des francs, puis faire une nouvelle queue pour retirer en euros l'argent déposé. Tout semblait donc fait pour dégoûter les clients ordinaires. Et cette situation commencée le 2 janvier s'est poursuivie pendant des jours, jusqu'à ce que lassées les personnes se rabattent sur les grandes surfaces, ou leurs commerçants de quartier.

Les banques aiment bien l'argent de leurs clients, y compris des salariés modestes, quand il s'agit de l'encaisser, mais elles rechignent à le rendre, et en tout cas veulent dépenser le moins possible pour assurer leurs obligations. Contrairement aux comptes des entreprises de quelque importance, qui en majorité placent leur argent de façon à ce qu'il rapporte, les comptes de la multitude des salariés et retraités sont une manne pour les banques qui peuvent le faire fructifier à leur seul bénéfice. Plus même, pour bénéficier de la plupart des services, il faut encore payer.

Les banquiers, dont les pratiques se rapprochent plus du racket que d'autre chose, ont le culot d'invoquer la " libre concurrence " et la " compétitivité ". Mais ils oublient de rappeler que c'est grâce à la loi qu'ils ont le monopole forcé, depuis le début des années 1970, sur l'encaissement des revenus des salariés et pensionnés. Ce sont les gouvernements d'alors qui ont rendu obligatoire le paiement par chèque des salaires et pensions. Cela a provoqué la multiplication des comptes dans les banques et la mise à la disposition de celles-ci de sommes d'argent nouvelles.

Les queues obligatoires qu'elles ont fait subir à leur clientèle aux revenus modestes illustraient bien le mépris de ces banques richissimes pour celles-ci. D'autant plus qu'au même moment était rendu public une nouvelle fois leur projet d'instituer pour tous le paiement de l'utilisation des chèques, projet mis temporairement en sommeil avant le passage à l'euro. Parler de bandes organisées de racketteurs à propos des banquiers, est-ce vraiment excessif ?

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