La loi pour contrôler les aides publiques : L'hypocrisie des dirigeants du PCF11/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1746.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La loi pour contrôler les aides publiques : L'hypocrisie des dirigeants du PCF

L'Humanité titrait sans gêne, mardi 8 janvier : " Loi Hue, feu vert pour le contrôle des aides publiques ". Il faut comprendre : les aides publiques aux entreprises. En effet, les décrets d'application de cette loi-gadget viennent de sortir, et donc devraient se mettre en place dans les mois qui viennent une commission nationale et, dans chaque région, des commissions régionales, où pourront être examinées les aides dont le gouvernement Jospin est, et de loin, le premier dispensateur en faveur des patrons de tout poil, et d'abord les plus grands.

Mais, depuis 1997 le gouvernement socialiste de Jospin est flanqué de quatre ministres du Parti Communiste Français qui cautionnent, quand ils ne la mettent pas en oeuvre, la politique antiouvrière de Jospin, dont l'une des caractéristiques est l'augmentation des aides au grand patronat au détriment des besoins publics en matière de santé, d'école, de transports et de logements. De plus, cette politique est votée au Parlement avec les voix indispensables des députés du PCF, sans l'apport desquelles Jospin, Fabius et Guigou n'auraient pas la majorité requise pour les faire adopter.

Comme le note L'Humanité, les aides publiques au patronat se montent aujourd'hui à 300 milliards de francs par an. C'est encore L'Humanité qui rappelle elle-même " qu'une commission d'enquête parlementaire avait déjà souligné la complexité du système avec 70 types d'aides... la surenchère entre les régions, la surconsommation des aides à certains groupes au détriment des PME. Bull, Thomson, et Rhône-Poulenc ont reçu 42 % des aides à la recherche-développement accordées par le ministre de l'Industrie tandis qu'une dizaine de groupes liés au secteur de la défense accaparent 83 % des 23,2 milliards de francs du financement public de la recherche ". Et le quotidien du PCF continue : " Nous relevions également les abus avec douze grands groupes raflant le Fonds National de l'Emploi dont les aides sont destinées à financer les départs à la retraite anticipée. Quant aux exonérations de charges sociales patronales, nous évoquions le scandale de ce type de financement dans la grande distribution ".

Voilà donc ce qu'a déjà rendu public le rapport de la commission d'enquête parlementaire. Est-ce que cela a empêché les députés du PCF, Hue en tête, de voter contre le budget présenté par le gouvernement Jospin, qui institue ces aides et organise leur distribution, si bien dénoncée dans le dit rapport ?

Et en quoi ces nouvelles officines que seront les commissions nationales ou régionales de contrôle, comparables à de nombreuses structures existantes, ayant bien moins de pouvoir qu'une simple commission d'enquête parlementaire de l'assemblée au niveau national et présidées par les préfets et présidents de région au niveau régional, pourraient-elles s'opposer à ces choix, si tant est qu'elles le souhaitent ?

Les dirigeants du PCF eux-mêmes, ceux qui exercent des responsabilités directes au niveau national comme régional, appliquent la même politique d'aides massives sous tous les prétextes aux grands patrons du pays. Gayssot a participé, entre autres, au cadeau royal des bénéfices d'Airbus à Lagardère et à son groupe Matra, qui ont reçu EADS quasiment sans bourse délier. Les ministres et les députés du PCF se sont félicités de la loi Aubry qui permet de distribuer 100 milliards par an au patronat, en mettant à plat les caisses publiques et la Sécurité sociale. Jusque dans les régions où le PCF a accepté dans l'exécutif le rôle de distributeur sans condition des aides aux grandes entreprises, comme Daniel Brunel en Ile-de- France.

Alors, c'est le contrôle par la population et les travailleurs des comptes des entreprises, de leurs dirigeants et principaux actionnaires, qui serait une nécessité absolue pour voir où va l'argent tiré du travail des salariés, à quoi et à qui il sert exactement. A l'heure où les patrons empochent des aides publiques et rayent de la carte des usines par dizaines, avec des dizaines de milliers de salariés jetés à la rue, un droit de contrôle des comptes des sociétés, des comptes privés des actionnaires, de leurs proches, serait un droit légitime.

Mais demander à ceux qui sont complices à différents niveaux, 365 jours par an, de toute la politique en faveur des patrons, de contrôler de leur main gauche ce que fait leur main droite, est au mieux une entourloupe. C'est pourtant ce que revendiquent fièrement les responsables du PCF.

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