Renault Guyancourt (78) : Les grévistes de Geodis ont gagné !11/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1746.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Guyancourt (78) : Les grévistes de Geodis ont gagné !

En grève depuis le 6 décembre les 28 salariés et 18 intérimaires de Geodis, une société sous- traitante de Renault-Guyancourt qui s'occupe de la Logistique, ont obtenu satisfaction.

Les travailleurs s'organisent...

Tous les salariés de Geodis, des cadres aux intérimaires, des caristes aux opératrices de saisie, ont participé activement à cette grève, tenant des assemblées générales plusieurs fois par jour.

Ils ont élu des porte-parole chargés de les représenter lors des discussions avec la direction. Ceux-ci, mandatés pour exposer les revendications et écouter les propositions, venaient ensuite en rendre compte à l'AG qui décidait alors des suites à donner, collectivement. Du coup, les différents patrons (y compris Geodis qui avait caché la situation jusqu'au dernier moment) qui ne voulaient pas entendre parler des assemblées générales ont été obligés de venir s'expliquer devant tous les travailleurs.

Les salariés ont distribué eux-mêmes leurs tracts, s'adressant aux 8 000 salariés Renault et aux 2 000 prestataires qui travaillent au Technocentre. Des jeunes de 20 ans portant casquettes, vestes de cuir à la mode ou talons compensés et distribuant des tracts : cela a provoqué la surprise des salariés du site et attiré la sympathie des caissières des cantines ou des agents de la sécurité, eux-mêmes prestataires.

Les syndicats Geodis étant pratiquement absents du site de Guyancourt, c'est aux syndicats Renault qu'il revenait de s'impliquer dans la lutte des prestataires.

La CGC l'a fait mais plus sur sa politique que celle voulue par les grévistes. Ainsi, elle a défendu les propositions des repreneurs avant même qu'ils aient donné les moindres gages, ou encore s'est fait le relais de la direction de Renault.

On a très peu vu la CFDT. Et la direction de la CGT s'est tenue à l'écart, laissant cependant la place libre à quelques délégués CGT qui ont gagné, avec des militants de SUD, la confiance des grévistes. Après avoir repris un moment le discours de la CGC à l'encontre des militants impliqués dans ce conflit et accusés de mener les grévistes dans le mur, elle les invitait... à un barbecue. Les grévistes n'ont donc pas vu le double langage et certains ont adhéré à la CGT à l'issue de la grève.

C'est donc SUD qui fut le plus présent dans cette grève, tirant les tracts des grévistes, les soutenant tous les jours face aux différentes directions, empêchant des petits chefs de Renault de décharger des camions

... et l'emportent

La direction de Geodis demandait l'application de l'article L122-12 du Code du Travail, selon lequel les salariés du prestataire sortant sont réembauchés avec les mêmes avantages par le prestataire repreneur dans le cas d'un transfert d'activité. Ce dont ne voulaient ni Renault, ni les repreneurs, Bovis et Mainco, réduction des coûts oblige.

Les grévistes ne pouvaient pas se permettre de perdre du temps dans des démarches juridiques car il ne restait plus que deux semaines avant la fermeture de Noël. Ils ont donc demandé la reprise de tout le monde avec les mêmes avantages (salaires, ancienneté), que ce soit ou pas dans le cadre du L122-12, ou le licenciement avec les indemnités liées de ceux qui ne souhaitaient pas être repris.

Renault, Geodis, puis Bovis et Mainco ont plusieurs fois essayé de diviser le mouvement. Ainsi, au troisième jour de grève, le responsable Geodis du Technocentre a réuni cinq salariés et intérimaires qui avaient obtenu l'engagement d'être embauchés par les repreneurs et leur a demandé de reprendre le travail. Mais les cinq ont refusé et sont venus le dire publiquement à leurs camarades.

Finalement, les grévistes ont tenu jusqu'à ce qu'ils obtiennent, lundi 17 décembre, des engagements écrits à la fois de Bovis et Mainco et de Geodis, dont le paiement de l'intégralité des sept jours de grève. Le travail a alors repris sans vraiment reprendre tout à fait, car il a fallu encore négocier pied à pied face à Mainco, un petit patron trop habitué à traiter ses salariés comme du bétail, mais qui a bien été obligé d'en rabattre cette fois-ci.

Résultat : pour les 28 salariés Geodis, 5 qui ne voulaient pas être repris sont licenciés économiques, 4 sont reclassés dans Geodis et 19 sont embauchés par Bovis et Mainco avec leur ancienneté et leur salaire (garanti par une prime de rattrapage) et le maintien au Technocentre pendant un an au minimum. Pour les 18 intérimaires : 4 ont un CDI au 1er janvier, 3 un engagement d'embauche au 1er février et les autres sont repris en intérim, plusieurs ayant refusé l'embauche par Bovis ou Mainco.

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