Les agriculteurs sont désignés comme les principaux pollueurs, et de mauvais payeurs. Ils consomment plus de 68 % de l'eau, et ne payent que 5 % des redevances.

Mais la réalité n'est pas si simple. Il est certain que certaines productions consomment énormément d'eau, en particulier la culture du maïs, essentiellement pour l'alimentation animale. D'autre part l'usage massif d'engrais et de pesticides pollue les eaux d'écoulement et les nappes phréatiques. Enfin les élevages " hors sol " de porcs et de volailles accumulent des déjections considérables, le lisier, qui polluent les sols.

Mais les agriculteurs ne font que mettre en application une politique agricole productiviste à laquelle toutes les autorités nationales comme européennes les ont poussés. Et puis derrière les agriculteurs, il y a les fabricants d'engrais et toute la filière agroalimentaire qui traite et vend le porc, la volaille, etc. Il y a trop d'élevage " hors sol " en Bretagne ? C'est certain, mais les autorités ont accordé des permis d'installation en veux-tu en voilà, et n'ont guère poursuivi les contrevenants.

La prochaine loi sur l'eau risque, si elle est adoptée, de faire payer un peu plus les agriculteurs, mais pas de trop quand même, car ils représentent une fraction non négligeable de l'électorat. Mais qui fera payer les industriels liés à l'agriculture ?

Ajoutons que dans les pollutions dites " domestiques ", celles des consommateurs ordinaires, qui utilisent 23 % de l'eau, une bonne partie revient aussi aux industriels qui fabriquent des produits polluants. On ne peut sans doute pas éviter de rejeter des eaux savonneuses, mais l'affaire des lessives contenant des phosphates, qui ont été en partie abandonnées, illustre la responsabilité des industriels en la matière.