" On peut se réjouir avec les ouvriers de Bata de la qualité du plan social ", a déclaré Moinaux, le responsable du groupe socialiste, au Conseil régional de Lorraine lors de la discussion du budget. C'était le 20 décembre, la veille de l'envoi de 526 lettres de licenciements aux ouvrières et ouvriers de l'usine Bata de Moussey en Moselle.

Tandis que le conseiller socialiste se " réjouissait ", des dizaines d'ouvriers et d'ouvrières étaient en larmes à l'annonce de la perte non seulement d'un emploi, mais des relations sociales qui vont avec, lorsqu'on a travaillé ensemble pendant des années, voire des dizaines d'années. Des licenciements au seul motif que l'usine de Moussey ne rapporte plus assez de profits au goût de la famille Bata, une dynastie capitaliste multimilliardaire.

Coup de chapeau poli aux travailleurs et félicitations obséquieuses au gouvernement, Moinaux a également affirmé que " la vigilance active des salariés et l'action tenace concomitante de l'Etat ont payé. " Et pourtant le gouvernement n'a pas levé le petit doigt pour empêcher Bata de licencier, pas même de l'obliger à restituer les 120 millions de francs d'aides publiques qu'il a reçus ces 5 dernières années.

Dans son intervention Christiane Nimsgern, élue régionale Lutte ouvrière, a dit son fait à ce " Monsieur Moinaux qui ne travaille pas chez Bata et ne sera pas licencié demain comme 500 ouvriers. Ce ne sont pas les miettes obtenues dans le plan social qui empêcheront que des dizaines de vies de familles ouvrières ne soient brisées ! "

Ce plan " social " est du même ordre que ce qui a été obtenu chez Moulinex avec une prime de préjudice s'échelonnant de 12 000 F pour un an de présence pour atteindre un maximum de 100 000 F après 30 ans d'ancienneté. Pas de quoi assurer l'avenir, mais seulement, pour les plus anciens, rembourser quelques dettes ou peut être acheter une voiture pour tenter de retrouver du travail ailleurs... car Bata était le seul employeur du canton. " Mais, a ajouté notre camarade, ce n'est pas plus le souci de M. Moinaux que de la majorité de droite du Conseil régional ".

Hormis notre camarade, il ne s'est trouvé qu'un seul élu de gauche - ex-PS - pour voter contre un budget qui, a rappelé l'élue Lutte ouvrière, " ne répond en rien aux attentes des travailleurs de Lorraine, qu'ils soient ouvriers licenciés de Bata, d'Atofina de Dieuze, ou d'Ego Productions à Saulny. Ce budget est fait pour les actionnaires. " Mais il n'y pas là de quoi choquer les partis de la gauche plurielle puisque les élus PS, PC, MRG, MDC se sont abstenus, tout comme le MNR et le FN, permettant au budget présenté par le président du Conseil régional, Gérard Longuet, ex-ministre de Balladur, de passer.