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Leur société
Loyers : La Caisse des Dépôts s'attaque aux locataires
La Caisse des Dépôts, qui joue entre autres le rôle de banque des HLM, détient aussi de nombreuses filiales qui font des placements souvent très lucratifs. L'une d'elles, la SCIC, qui possède et gère directement des logements sociaux, trouve cette activité insuffisamment rentable et veut faire sortir un maximum de logements du régime HLM.
Conséquence, un trois-pièces de 60 mètres carrés à Sarcelles (Val-d'Oise) dont le loyer était de 1 682 F (256 euros) est proposé à 2 340 F (357 euros) à l'arrivée d'un nouveau locataire. Pour ceux qui restent dans les lieux, des hausses s'échelonneront sur douze ans. Seules les personnes âgées de plus de 70 ans en seront dispensées. La responsable de cette décision est la Société centrale immobilière de la Caisse des Dépôts (SCIC), filiale à 100 % de la Caisse des Dépôts, qui est en train de " déconventionner " des logements. Rien qu'en Ile-de-France, sur 56 000 logements, 27 000 sont du coup déjà alignés, non plus sur les tarifs HLM, mais sur les prix du marché de l'immobilier. Et c'est ce qui est prévu notamment pour 5 181 logements à Sarcelles, Villiers-le-Bel, Gonesse dans le Val-d'Oise, et pour 1 600 logements à Créteil dans le Val-de-Marne. Cette politique s'accompagne de la mise en vente de logements qui nécessitent de grosses réparations.
A Sarcelles, ce mauvais coup a provoqué une levée de boucliers. Et à Créteil, cette tentative de passer en force ne va pas être sans réaction. Les problèmes d'humidité dans les logements, le laisser-aller en ce qui concerne l'entretien et la gestion courante, joints à une augmentation des charges accroissent le mécontentement.
La secrétaire d'Etat au Logement, Marie-Noëlle Lienemann, a fait savoir qu'elle était " furieuse que le bras de fer avec la Caisse des Dépôts ne soit pas terminé ", tandis que des responsables de la SCIC, convoqués chez Jospin, se seraient fait " remonter les bretelles ". En attendant, le gouvernement s'est refusé à user de ses pouvoirs envers la Caisse des Dépôts. C'est pourtant lui qui nomme (et par conséquent pourrait démettre) le président du conseil d'administration de la SCIC. Or cela fait plusieurs années que la Caisse des Dépôts s'est engagée dans cette politique sans que le gouvernement intervienne. Lienemann a présenté comme une victoire le fait que le président de la Caisse des Dépôts ait " pris l'engagement de vendre le patrimoine concerné aux organismes HLM désignés par les collectivités locales si celles-ci le souhaitent ". En réalité, ce serait alors les locataires qui payeraient les travaux nécessaires dans les logements dégradés, et ils payeraient aussi par une augmentation des impôts locaux. Car les municipalités sont régulièrement appelées à renflouer les organismes HLM pour qu'ils remboursent leurs emprunts... à la Caisse des Dépôts. Et la boucle serait bouclée pour que celle-ci dispose davantage d'argent frais destiné à des activités bien plus lucratives que le logement social.