Le 3 janvier, l'arraisonnement par l'armée israélienne d'un cargo chargé d'armes qui circulait en mer Rouge, entre le Soudan et l'Arabie saoudite, c'est-à-dire dans les eaux internationales et à quelque 500 kilomètres des côtes israéliennes, a donné lieu à un véritable délire antipalestinien de la part du gouvernement israélien.

Ariel Sharon s'est déchaîné, dénonçant dans la cargaison, immédiatement attribuée aux Palestiniens, la preuve de la préparation de nouveaux attentats contre Israël, désignant une fois encore l'Autorité palestinienne et Yasser Arafat comme les suppôts du terrorisme mondial, déclarant que " les quantités d'armes saisies prouvent que l'Autorité palestinienne cherche à perpétrer des actes de terrorisme " et que Yasser Arafat " est un menteur " qui " veut faire sombrer la région dans la guerre ", cela au moment même où les chars israéliens mènent la guerre dans les territoires palestiniens.

Si cette hystérie des dirigeants israéliens ne se manifestait pas dans ce contexte de guerre ouverte menée par l'armée israélienne contre le peuple palestinien, elle pourrait être simplement ridicule, tant l'affaire semble montée de toutes pièces.

Le cargo en question naviguait sous drapeau libanais et sous le nom de Rim K lorsque, le 31 août dernier, il a été vendu à un Irakien pour 400 000 dollars. Le navire a ensuite changé de nom le 12 septembre 2001, devenant le Karine A, et les armes, parmi lesquelles des roquettes et des missiles antichars, auraient été chargées dans un port iranien. Elles devaient paraît-il (cela est affirmé par les militaires israéliens sans non plus l'ombre d'une preuve) être larguées au large des côtes de Gaza, à l'intention des Palestiniens... Le capitaine du bateau a déclaré à la télévision israélienne, qui lui a complaisamment laissé l'antenne, que ces armes seraient " une donation du monde islamique " ainsi que de l'Iran et du Hezbollah libanais au peuple palestinien et que toute l'opération aurait été préparée après les attentats antiaméricains du 11 septembre.

Mais un navire transportant des armes, sur l'une ou l'autre des mers du monde, ce n'est tout de même pas, aujourd'hui, quelque chose d'absolument exceptionnel ! Et les officiers de l'armée israélienne sont bien parmi les premiers à être impliqués dans le trafic de toute sorte d'armements. Les fournitures de l'armée israélienne voyagent bien par un moyen ou un autre, que l'on sache !

Yasser Arafat a décidé lundi 7 janvier la création d'une commission d'enquête, prétendant trouver le commanditaire du chargement des armes et de toute l'opération. Il compte ainsi démontrer qu'il est accusé à tort dans cette affaire. Mais l'arraisonnement n'est en fait qu'un épisode de la politique israélienne, qui constitue une provocation permanente et meurtrière contre les droits du peuple palestinien.