Égalité salariale hommes-femmes : Des discours à la réalité09/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2384.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Égalité salariale hommes-femmes : Des discours à la réalité

Le 7 avril était consacré à la « journée de l'égalité salariale entre les hommes et les femmes ». À cette occasion, il a été rappelé qu'en France les salaires féminins restent inférieurs de 20 % à ceux des hommes. Concrètement, cela veut dire que, pour toucher le même salaire annuel que les hommes, les femmes devraient effectuer 68 jours de travail en plus ! Et ces chiffres ne prennent en compte que le travail à temps plein. Or, étant donné que huit travailleurs à temps partiel sur dix sont des femmes, l'écart entre les deux salaires est en réalité supérieur, atteignant 27 %.

Cela fait des années que les gouvernants de tout bord multiplient les discours vertueux pour dénoncer cette inégalité salariale, et pas moins de huit lois ont été votées pour remédier à cette situation. La dernière en date, la loi Génisson de 2001, n'a eu son application que neuf ans plus tard, et encore de façon très limitée. Depuis 2010, les entreprises de plus de 50 salariés ont en effet l'obligation d'ouvrir des négociations en vue d'aboutir à une égalité entre les salaires des hommes et des femmes, sous peine de sanctions financières. Mais elles sont juste obligées de négocier avec des représentants du personnel, pas d'augmenter les salaires des femmes pour que ceux-ci atteignent le même niveau que ceux de leurs collègues masculins ! Quant à l'amende en cas de non-négociation, elle est dérisoire, comprise entre 5 000 et 10 000 euros. En un an, 700 entreprises ont été mises en demeure de respecter la loi, et seulement dix ont été condamnées.

En outre, la loi n'autorise pas les femmes d'une même entreprise à mener des actions de groupe pour attaquer leur employeur en justice du fait de la discrimination dont elles sont victimes. De même, alors que l'interdiction d'embaucher sur des temps partiels inférieurs à 24 heures hebdomadaires devait être effective à partir du 1er janvier, le gouvernement l'a repoussée de six mois, devant les hauts cris du patronat.

À propos de cette journée pour l'égalité, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, s'est félicitée d'avoir lancé une application Internet pour mobiles et smartphones destinée à « coacher » les femmes qui travaillent afin de leur donner plus de confiance en elles-mêmes et de leur permettre de « mieux se rendre compte des opportunités à côté desquelles elles passent » ! À l'entendre, donc, les femmes seraient en partie responsables de l'infériorité de leurs salaires. Avec une telle ministre qui brasse du vent en prétendant défendre leurs droits, les femmes travailleuses se rendront au moins compte que le gouvernement se paie leur tête.

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