Un décret qui n'a pas le ticket09/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2384.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un décret qui n'a pas le ticket

Le décret permettant l'utilisation de cartes à puce à la place de tickets restaurant « papier » vient d'être publié et permet donc sa mise en oeuvre dans les entreprises. Ceux qui sont à son initiative sont les quatre sociétés qui se partagent le marché : Endered, Chèque-Déjeuner, Sodexo, Natixis, rejoints par Moneo et Resto-Flash. Pour eux, ce changement serait un progrès permettant une meilleure gestion, évitant la manipulation de chèques déjeuner et garantissant contre le vol.

Pourtant, le projet est très mal accueilli par la plupart des travailleurs concernés. Car les arrangements, aujourd'hui tolérés et facilités par la version papier du ticket vont devenir impossibles avec des cartes à puce paramétrées de façon restrictive : il sera impossible de régler des achats au supermarché, de céder des tickets à ses enfants ou à ses proches, impossible d'utiliser les tickets restaurant le dimanche et les jours fériés, impossible d'en donner aux Restos du Coeur comme c'était le cas en début d'année, impossible d'aider un SDF et impossible d'inviter quelqu'un au restaurant, car le montant quotidien de dépenses est limité à 19 euros.

De fait, les tickets restaurant sont devenus un apport important à l'alimentation des salariés qui en bénéficient et qui choisissent de manger sur le pouce le midi pour les utiliser à nourrir la famille le soir ou pour aller occasionnellement au restaurant le week-end. Ces titres ne sont pas un « cadeau » des employeurs puisqu'ils sont payés à 40 % par le travailleur lui-même, la part patronale étant destinée à pallier l'absence de restaurant d'entreprise ou sa trop faible capacité. Les restrictions programmées sont donc très mal acceptées.

Les grands gagnants de cette opération, par contre, sont les promoteurs des cartes à puce -- Moneo et Resto-Flash -- qui visent avec un temps d'avance le marché rentable des tickets restaurant : avec 3,5 millions d'utilisateurs ils représentent 5,5 milliards par an en valeur !

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