Cargill -- Alexandrie : Quatre mois de sit-in, assiégés par des chiens09/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2384.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cargill -- Alexandrie : Quatre mois de sit-in, assiégés par des chiens

Des militants égyptiens nous adressent la correspondance suivante, montrant comment des travailleurs tentent de défendre leurs droits élémentaires, au moment où dans le pays les patrons tentent de reprendre ce qu'ils ont dû concéder depuis le début du « printemps arabe ».

« Depuis quatre mois, les 84 travailleurs de la Société nationale des huiles végétales, entreprise égyptienne filiale de l'américaine Cargill, manifestent par un sit-in devant le siège situé dans la ville industrielle de Borj Al-Arab. La direction les assiège en les menaçant avec des vigiles accompagnés de chiens.

Dès sa nomination en août dernier, un mois après le coup d'État qui a amené au pouvoir le général Al-Sissi, le nouveau directeur a déclaré qu'il ne laisserait pas place à la liberté syndicale. Les réunions avec les représentants syndicaux ont été supprimées et les conventions collectives suspendues. Une série de mesures arbitraires contre les travailleurs ont suivi, en violation de toutes les dispositions légales. L'accès a été interdit aux inspecteurs du travail et les plaintes auprès du ministère sont restées sans effet.

Au cours d'une assemblée, les travailleurs ont alors décidé de réagir par un sit-in, une forme de protestation souvent adoptée en Égypte pour tenter de faire réagir les autorités ou la direction de l'entreprise à l'étranger. À ce sit-in, commencé le 15 décembre, la direction a répondu par une mise en congés sans solde du personnel, sous prétexte de non-arrivée du matériel nécessaire à la production. Le sit-in continuant, la direction a reconduit cette décision semaine après semaine. Puis des groupes de voyous ont été engagés, accompagnés de chiens sauvages, pour attaquer les protestataires la nuit. Enfin, à partir de janvier, les licenciements se sont succédé, atteignant maintenant un total de 75.

Quatre mois se sont écoulés et les travailleurs sont toujours assiégés par des voyous et leurs chiens furieux. La direction a continué son escalade, coupé l'électricité et l'eau et empêché l'arrivée de nourriture et de médicaments jusqu'aux protestataires. La compagnie de vigiles a été remplacée par une autre, aux chiens encore plus féroces. Le 6 février, la société a voulu, à l'aide d'une grue, retirer les caravanes utilisées par les travailleurs les plus âgés, parfois malades, pour dormir à l'abri du froid. Pour l'en empêcher, ceux-ci se sont attachés aux caravanes avec des cordes, les enroulant autour de leur cou. Le conducteur de la grue a alors refusé l'ordre du directeur de soulever les caravanes.

Voilà avec quel acharnement la direction de l'entreprise agit pour nier les droits des travailleurs, que maintenant elle affame en interrompant le versement des salaires ainsi que des pensions de santé auxquelles certains ont droit, tout cela dans l'indifférence des autorités.

Les travailleurs de la Société nationale pour les huiles végétales appellent tous les travailleurs, syndicats et partis en Égypte et à l'étranger, à soutenir leur combat pour leurs droits, notamment en faisant pression sur la direction centrale de l'entreprise à Genève. »

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