Au pas de charge contre le monde du travail09/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2384.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Au pas de charge contre le monde du travail

Valls avait promis d'être concret lors de son discours de politique générale à l'Assemblée. Il l'a été. Dans la continuité revendiquée du gouvernement Ayrault et des propositions de Hollande, il entend « donner corps au pacte de responsabilité ». Sur le fond rien de vraiment neuf, mais la présentation de ces mesures cumulées et chiffrées, faite sur un ton péremptoire, est apparue pour ce qu'elle est : une attaque en règle contre le monde du travail et une adhésion totale aux désirs des patrons.

Il s'agit avant tout de diminuer le « coût du travail » en baissant les cotisations patronales. Au 1er janvier 2015, pour un salaire au smic les cotisations à l'Urssaf seront entièrement supprimées. Jusqu'à 1,6 fois le smic, le barème des allégements existants sera modifié. Les cotisations familles seront, elles, abaissées de 1,8 point, au 1er janvier 2016, pour les salaires jusqu'à 3,5 fois le smic. Pour faire mine d'équilibrer les cadeaux, Valls annonce une baisse des cotisations familiales de 3 points pour les travailleurs indépendants dès 2015. Tous ces allégements se monteront à 10 milliards d'euros qui s'ajouteront au crédit d'impôt compétitivité (CICE) de 20 milliards d'euros en 2015.

Valls veut aussi alléger les taxes sur les entreprises : le taux de l'impôt sur les sociétés passera de 33 % actuellement à 28 % en 2020, avec une première étape intermédiaire en 2017. La contribution sociale de solidarité des sociétés payée par 300 000 entreprises, et qui finance le régime de protection sociale des travailleurs indépendants, sera entièrement supprimée en trois ans, soit « 6 milliards de marge supplémentaires » pour ces entreprises, dont un milliard dès 2015.

Pour payer tout cela, il confirme la réduction des dépenses publiques de 50 milliards d'euros d'ici 2017 : 19 milliards pris sur les services dépendant de l'État, 10 milliards pris sur l'assurance-maladie et autant sur les collectivités locales. À cela s'ajoutent encore 11 milliards d'économies sur le budget de la Sécurité sociale.

Quant au volet dit social du programme, le prétendu « pacte de solidarité », il consistera, en janvier 2015, en une diminution des cotisations salariales pour les smicards, qui pourront ainsi gagner 500 euros de salaire net supplémentaires par an, l'équivalent d'un demi 13e mois. Le gain sera dégressif jusqu'à 1,3 fois le smic. Avec l'allégement de la fiscalité sur les ménages modestes, l'ensemble des mesures se montera à 5 milliards d'euros à l'horizon 2017.

Des dizaines de milliards vont donc passer dans les coffres des patrons, à qui Valls demande seulement de « tenir leurs engagements » par la création d'emplois, ce qu'ils refusent de faire.

Quant aux travailleurs, les plus mal payés auront droit à une aumône, mais tous paieront la facture du délabrement des services publics et du manque à gagner dans les caisses de Sécurité sociale. Voilà ce que le nouveau Premier ministre, dans la continuité du gouvernement précédent, appelle un « effort partagé ».

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