Smic : Pour le patronat, c'est encore trop cher09/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2384.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Smic : Pour le patronat, c'est encore trop cher

« À ce niveau de chômage, il faut aller davantage vers la flexibilité et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au smic. Un petit boulot, c'est mieux que pas de boulot », a déclaré mercredi 3 avril Pascal Lamy, l'ex-dirigeant de l'Organisation mondiale du commerce, dans une émission télévisée.

Même si ce proche de Hollande n'occupe plus aucune fonction politique -- il aurait paraît-il refusé de faire partie du gouvernement Valls -- cela ne l'empêche pas de donner son avis, qui n'est autre que celui du patronat. Quelques jours plus tard, Gattaz, le patron du Medef, a en effet rebondi sur ses propos, prêchant l'idée qu'il serait souhaitable de payer les salariés en dessous du smic, afin de permettre aux chômeurs de « mettre un pied dans l'entreprise ». À en croire aussi les économistes qui servent la soupe au patronat, « un salaire minimum trop élevé nuirait à l'emploi » ! Pour tous ces gens-là, payer un travailleur dans les 1 200 euros par mois, c'est encore trop !

Les patrons ne cessent de se lamenter sur le prétendu « coût du travail », alors que c'est justement le travail de leurs salariés qui leur procure des bénéfices. Ils pleurent parce qu'ils paieraient « trop » de cotisations sociales, alors qu'elles ne sont rien d'autre qu'une part du salaire dû à leurs employés, qui transite par leurs mains afin d'alimenter différentes caisses de solidarité collective : maladie, chômage, vieillesse, etc.

Sur ce point, comme sur bien d'autres, les patrons ont été entendus par le gouvernement socialiste qui, dans la continuité de ses prédécesseurs, leur a octroyé une baisse de ce qu'ils osent appeler des « charges ». Mais cela ne leur suffit pas. Ils attendent maintenant de ce gouvernement qu'il aille plus loin, en faisant sauter toutes les barrières légales qui sont un frein à leur rapacité, à commencer par l'obligation de verser un salaire minimum, si bas soit-il, et l'élargissement de la flexibilité. Leur rêve serait d'avoir des salariés corvéables à merci et contraints, par la misère ou par la loi, d'accepter un salaire équivalant à ceux que touchent les ouvriers des pays pauvres.

Pour les patrons comme pour le gouvernement, la lutte contre le chômage sert de prétexte pour ôter aux travailleurs les garanties qui leur restent contre la surexploitation. Verser à ceux-ci un salaire misérable ne créera pas un emploi de plus, cela ne fera qu'étendre la pauvreté. La seule lutte efficace contre le chômage serait de prendre dans les caisses du patronat qui, elles, ne cessent de se remplir, afin de créer des emplois là où ils seraient utiles à l'ensemble de la population, en payant correctement l'ensemble des travailleurs. Cette solution ne viendra pas d'un gouvernement au service du grand patronat, il faudra l'imposer.

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