La manifestation du 4 avril à Bruxelles : « Qui est sorti d'affaire, le système financier ou les gens ? »09/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2384.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La manifestation du 4 avril à Bruxelles : « Qui est sorti d'affaire, le système financier ou les gens ? »

Cette question judicieuse, une responsable syndicale belge la posait le 4 avril, lors de la manifestation bruxelloise qui a rassemblé des milliers de travailleurs et militants syndicaux à l'appel de la FGTB (Fédération générale du Travail de Belgique) et de la Confédération européenne des syndicats.

Outre les nombreux manifestants belges, le rassemblement réunissait des délégations venues de 21 pays d'Europe, dont la Pologne, le Danemark, l'Espagne, la Grèce et d'autres. Annoncé de façon quasiment confidentielle par les centrales syndicales françaises, il avait pour objectif de protester contre les politiques d'austérité imposées par les gouvernements des États européens, tous autant qu'ils sont. Et c'est un fait que, partout en Europe, les gouvernements ont, les uns après les autres, appliqué à la population des politiques d'austérité plus ou moins drastiques, se traduisant toutes par des attaques contre les salaires et les pensions, et par des plans d'économies budgétaires réduisant les prestations sociales, les droits à la santé et détruisant peu ou prou les services publics.

Ces politiques d'austérité, présentées comme une « réponse » à la crise économique, ont jusqu'à présent permis aux banques et à l'ensemble des capitalistes de traverser l'orage au sec, et même d'accroître largement leurs profits. Pour les 400 millions de travailleurs européens, chômeurs et retraités inclus, c'est, depuis 2008, attaque sur attaque contre leurs conditions de travail et d'existence même.

C'est donc bien le minimum d'organiser une manifestation de travailleurs de tous les pays européens contre l'austérité que leurs gouvernements leur imposent pour sauver les banques, les capitalistes et leurs actionnaires. Le chômage, les bas salaires, l'effondrement des pouvoirs d'achat, la dégradation des services publics, la détérioration des prestations sociales, constituent un choix délibéré des gouvernements, de tous les gouvernements, pour être en mesure de réaliser les économies exorbitantes qu'exige d'eux le système capitaliste pour maintenir les profits. Et en effet il faudrait que la classe ouvrière se rassemble par-delà les frontières pour combattre l'ennemi commun, le grand patronat.

Mais que dire de l'attitude des organisateurs, centrales syndicales liées aux partis réformistes, au pouvoir au présent, au passé ou au futur, qui convoquent un tel rassemblement, sans se soucier de préparer une vraie mobilisation des travailleurs ni à l'échelle européenne, ni même en France, en Allemagne, en Italie par exemple ?

Pour eux, une telle manifestation n'est qu'un alibi pour masquer leur démission devant les politiciens de la bourgeoisie, en particulier ceux dont ils soutiennent les gouvernements, comme en France ou en Italie. Pire, en désignant « Bruxelles », autrement dit les institutions européennes, comme seules responsables de la politique d'austérité qui appauvrit l'ensemble des travailleurs de l'Europe des 28, ils tendent à disculper leurs propres gouvernements qui ainsi ne seraient que les victimes, consentantes certes, des « diktats » promulgués à Bruxelles ou Strasbourg !

La force des travailleurs réside dans leur nombre, mais aussi dans la conscience de leurs intérêts communs non seulement à l'échelle d'un pays, mais au moins à l'échelle du continent, et dans la force qu'elle peut leur donner dans la lutte. Malheureusement, ce n'est pas sur les promoteurs de la manifestation du 4 avril qu'il faut compter pour la développer et l'organiser.

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