Kem One : Les travailleurs face aux vautours capitalistes02/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2357.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Kem One : Les travailleurs face aux vautours capitalistes

Jeudi 26 septembre, 350 travailleurs de Kem One de Saint-Fons, Balan, Fos-sur-Mer et Lavera, soutenus par des délégations d'usines lyonnaises de la chimie, ont manifesté à Lyon, du siège de Kem One au tribunal de commerce, qui devait décider du repreneur.

L'entreprise a été placée en redressement judiciaire il y a six mois, après avoir été mise en faillite par le repreneur Gary Klesch, bien connu pour ses agissements similaires ailleurs. Cet ex-pôle vinylique d'Arkema, qui lui avait été cédé pour 1 euro, a été vidé de sa trésorerie au bout de neuf mois, avec un lourd passif de créances pendant que les comptes offshore de Gary Klesch se remplissaient.

Ce sont 1 300 travailleurs qui sont menacés de perdre leur emploi sur les quatre sites, mais bien plus en réalité car d'autres usines chimiques dépendent, en amont et en aval, de Kem One.

Après de multiples tractations, Gary Klesch accepterait de céder pour 1 euro l'ensemble de Kem One, c'est-à-dire aussi la transformation du PVC, une partie qu'il voulait conserver car elle est rentable : l'ensemble emploie 2 600 salariés.

Il y a trois projets de reprise : un est proposé par la CGT, qui serait piloté par l'État (par le biais de la BPI), avec comme actionnaires Total, Arkema et le pétrolier Lyondell Basel. Les deux autres viennent de fonds d'investissement américains : Open Gate Capital et Sun European Partners, dont l'un des deux a déjà sévi à Lee Cooper. Ces fonds demandent que les plus gros créanciers (Total, Arkema et EDF) passent l'éponge sur les 140 millions d'euros qui leur sont dus et que les 90 millions dus aux petits fournisseurs soient remboursés sur une longue durée.

C'est pour permettre ces tractations et finaliser les projets de reprise que le tribunal a reporté sa décision au 12 décembre, tout en prolongeant le redressement judiciaire de six mois.

Les travailleurs n'ont vraiment pas confiance dans les deux fonds d'investissement qui, l'un et l'autre, voudraient supprimer environ 130 emplois et négocier un « pacte de compétitivité ». Qu'est-ce qui prouve qu'ils ne vont pas, eux aussi, rafler tout l'argent avant de fermer ? Et les salariés, après avoir été bradés par Total et Arkema, sont souvent sceptiques quant à la possibilité de les voir s'impliquer dans une solution de reprise. Quant à l'État, les exemples de Petroplus, Florange et bien d'autres laissent au minimum méfiant quant à sa volonté d'accepter le projet présenté par la CGT. En réalité, dans les négociations, le ministère de l'Industrie fait le maximum pour préserver le groupe Arkéma et ses actionnaires de toute obligation.

Total et Arkema sont pourtant responsables de la situation actuelle. Ce serait à eux de la régler, car ils ont les moyens de réintégrer les activités de Kem One, ou de financer toute autre solution afin de garantir tous les emplois. Mais cela, il faudra que les travailleurs de Kem One, Total et Arkema le leur imposent.

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