Iran — États-Unis : Des intrigues militaires aux grandes manoeuvres diplomatiques02/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2357.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran — États-Unis : Des intrigues militaires aux grandes manoeuvres diplomatiques

Vendredi 29 septembre, Barack Obama et Hassan Rohani, le président de l'Iran, se sont parlé au téléphone. Ce coup de fil est apparu comme un retournement historique, après trente-cinq ans de rupture entre les deux États, à la suite de la chute du Shah en 1979. Mais cela fait sans doute longtemps que les diplomates des deux pays ont entamé des discussions plus discrètes, qui ne se limitent pas à la question du nucléaire iranien mais concernent bien plus la situation au Moyen-Orient et en particulier en Syrie.

Cela se traduit maintenant, en langage diplomatique, par : les deux présidents « ont insisté sur la volonté politique de résoudre rapidement la question nucléaire et de préparer la voie à la résolution d'autres questions, ainsi que de coopérer sur les affaires régionales ».

Pour rendre possible ce dégel des relations, Rohani a été présenté comme un modéré multipliant les gestes vis-à-vis des pays occidentaux. Quelques jours plus tôt, lors de l'assemblée des Nations unies, il avait d'ailleurs pu serrer la main d'un Hollande tout content d'être le premier. Mais Rohani n'est pas le premier chef d'État iranien à vouloir ainsi pacifier les relations avec les États-Unis. Jusque-là, ce sont ceux-ci qui préféraient ignorer ces gestes et continuer à exercer leurs sanctions contre l'Iran, dans l'espoir d'affaiblir son régime.

C'est donc par choix politique qu'Obama a décidé de saisir cette occasion de renouer avec l'Iran, montrant d'ailleurs que la question du nucléaire iranien n'était nullement la vraie raison de la poursuite du gel entre les deux pays. Les projets réels ou supposés de bombe atomique iranienne n'étaient que des prétextes, qui peuvent disparaître aussi facilement dans un accord que celui des armes chimiques de la Syrie, si les intérêts impérialistes le nécessitent.

Ce virage diplomatique d'Obama est opéré quelques jours après le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution sur les armes chimiques en Syrie, fruit d'un accord avec la Russie. Celle-ci permet opportunément à Obama d'abandonner sa menace d'intervention militaire immédiate, tout en sauvant les apparences, et de tenter de se sortir du bourbier syrien.

Les États-Unis se trouvent en difficulté pour faire face au chaos que leurs interventions militaires, en Irak, en Afghanistan et ailleurs, ont renforcé dans la région. Il y a deux ans, quand la guerre civile a éclaté en Syrie, les pays occidentaux ont cru trouver une occasion de se débarrasser de Bachar al-Assad. Mais ils se retrouvent aujourd'hui dans une situation sans issue, obligés de choisir entre la victoire d'Assad, qui ne leur plaît guère, et celle d'une rébellion dominée par des groupes islamistes incontrôlables, qui leur plaît encore moins.

Qu'à cela ne tienne, les dirigeants des États-Unis ont, en fait, toujours su qu'ils pouvaient s'entendre avec les dirigeants syriens, iraniens ou russes, à condition de leur faire quelques concessions. C'est ce qu'ils voudraient faire aujourd'hui, en les associant à une tentative de rétablissement d'une certaine stabilité dans la région. Rien ne dit qu'ils y parviendront, tant les forces et les contradictions qu'ils ont contribué à déchaîner sont incontrôlables. Et surtout, rien ne pourra réparer les dommages incalculables que cause et continuera de causer la domination impérialiste.

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