Italie : Pendant la crise politique, la guerre contre les travailleurs continue02/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2357.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Pendant la crise politique, la guerre contre les travailleurs continue

En annonçant leur démission sur consigne de Berlusconi le 28 septembre, les ministres de son parti, le PDL, ont ouvert une nouvelle crise politique en Italie. Les élections de mars 2013 n'avaient en effet permis la mise en place du gouvernement d'Enrico Letta qu'avec l'appui des deux partis concurrents, le Parti démocrate (PD) de centre-gauche, et le PDL, les deux partis se partageant les ministères.

Cinq mois plus tard, Berlusconi était rattrapé par la justice : l'un des procès le concernant aboutissait à une condamnation à quatre ans de prison pour fraude fiscale. La peine était ramenée à un an du fait de la loi d'amnistie et lui garantissait d'éviter la prison, vu son âge, mais Berlusconi devait être déchu de ses droits civiques et donc de son mandat de sénateur, compromettant toute sa carrière politique.

Berlusconi a alors exercé son chantage contre toutes les institutions : ou bien celles-ci trouvaient le moyen de lui sauver la mise par quelque combine, ou bien le PDL retirerait son soutien au gouvernement et provoquerait la crise. C'est cette menace qu'il a en partie mise à exécution, en faisant démissionner ses ministres et en agitant la menace de la démission en bloc de tous les parlementaires PDL.

Enrico Letta, de même que les politiciens du PD, cherchent à éviter de nouvelles élections, dont l'issue est plus qu'incertaine vu la déconsidération des deux « grands » partis et la poussée du Mouvement cinq étoiles antipolitiques de l'ex-humoriste Beppe Grillo. Il compte sur les parlementaires du PDL qui se démarquent de la logique individuelle de leur patron Berlusconi, et aussi sur des dissidents du mouvement de Grillo. En même temps, tout ce que la bourgeoisie compte de plumitifs et de politiciens un peu plus présentables n'a pas de mots assez forts pour dénoncer l'irresponsabilité de Berlusconi, qui menace à nouveau la stabilité du pays en crise.

L'évolution du PD a pourtant aussi sa part de responsabilité. C'est aussi grâce à l'évolution de ce parti, l'ex-Parti communiste italien, converti aux valeurs de l'économie de marché et aspirant à une alternance gouvernementale entre deux grands partis modérés, qu'un affairiste à moitié mafieux comme Berlusconi a pu se faire une place sur l'échiquier politique.

Les directions syndicales ne sont pas en reste : elles, qui n'ont mis en place aucun plan de mobilisation collective à la hauteur des attaques que subissent les travailleurs ces dernières années, se sont retrouvées lundi 30 septembre pour annoncer qu'elles « réfléchissaient à une mobilisation contre l'irresponsabilité ». « La démission des ministres PDL confirme que la droite est prête à tout sacrifier dans l'intérêt personnel de Silvio Berlusconi, au mépris de l'intérêt du pays », a ainsi déclaré Susanna Camusso, dirigeante de la plus grande centrale syndicale, la CGIL.

Mais c'est au nom de « l'intérêt du pays » que le gouvernement Letta mène les attaques contre les classes populaires, la dernière en date étant l'augmentation prochaine de la TVA, tout comme le gouvernement « technique » de Monti avait précédemment aggravé les reculs sur les retraites, démoli une partie du droit du travail pour faciliter les licenciements, etc., dans la lignée en somme de la politique menée en son temps par « l'irresponsable Berlusconi ».

Si, aujourd'hui, l'attitude de Berlusconi est irresponsable pour la bourgeoisie italienne en quête de stabilité politique et terrorisée devant le risque d'une reprise de la spéculation sur la dette du pays, les travailleurs italiens n'ont évidemment rien à attendre des politiciens « responsables » prêts à leur asséner tous les mauvais coups.

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