Travail du dimanche : Le patronat veut des salariés à sa disposition02/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2357.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travail du dimanche : Le patronat veut des salariés à sa disposition

Dimanche 29 octobre, quinze magasins Leroy-Merlin et Castorama ont ouvert, malgré l'interdiction qui leur en avait été faite par le tribunal de commerce de Bobigny. Ils voulaient amener le gouvernement à remettre sur la table la question du travail du dimanche. Le patronat voudrait pouvoir l'imposer à sa guise, comme il voudrait supprimer tout ce qui existe encore de réglementations qui limitent sa « liberté » d'exploiter sans entrave.

Ces exigences patronales ne sont pas nouvelles : sous prétexte de développement de la consommation des ménages et des loisirs, il obtenait déjà dans les années 1970 l'ouverture le dimanche des magasins d'ameublement et de jardinage. Par la suite, de nombreuses dérogations ont été instituées. La dernière datant de 2009 aboutit, entre autres, à ce que dans les « zones touristiques », le travail du dimanche puisse se généraliser et devenir obligatoire pour les salariés des magasins concernés. Mais l'enjeu réel va bien au-delà du besoin des clients, qui d'ailleurs, pour la plupart salariés, se rendraient davantage dans ces magasins si leurs horaires de travail, de transport, etc., le leur permettaient.

L'enjeu réel, c'est la remise en cause d'un acquis rendant obligatoire un jour de repos hebdomadaire pour tous les salariés et qui, dans les secteurs où le travail du dimanche est indispensable, comme la santé, la sécurité, etc., donne lieu à des jours de repos compensatoires.

On a montré à la télévision des salariés, mobilisés dans le collectif « les Bricoleurs du dimanche », protester eux aussi, disant qu'on les empêchait de travailler et de gagner leur vie. Ils ont expliqué que chaque dimanche travaillé leur rapportait environ 100 euros net de plus et que c'était un complément indispensable pour payer leurs charges, etc. Quant aux étudiants, qui seraient assez nombreux à travailler dans ces magasins le week-end, on les priverait de revenus nécessaires à la poursuite de leurs études.

Mais même l'argumentation de ces salariés, dont on ne sait pas s'ils représentent réellement l'opinion de la majorité d'entre eux, ne prouve qu'une chose : les salaires actuels sont insuffisants pour faire vivre sa famille, pour subventionner les études des enfants, etc. La plupart des salariés de ces magasins, souvent des mères de famille, préféreraient sans aucun doute être près de leurs proches et avoir des loisirs, eux aussi, le dimanche. Mais, n'ayant pas de revenus suffisants, ils sont contraints de sacrifier ce jour de repos.

Et c'est le monde à l'envers, un comble, d'entendre les représentants du patronat s'indigner qu'on « empêche » des salariés de travailler. Car qui est responsable du chômage et de la misère, aujourd'hui ? Qui licencie à tour de bras ? Et qui ne cesse de diminuer le salaire réel des travailleurs pour accroître les profits, sinon le grand patronat ? Aujourd'hui, il met en avant des salariés « volontaires ». Mais demain, si la loi ouvrait une nouvelle brèche, la crise aidant, il pourra imposer le travail du dimanche ou de nuit à tous.

Il y aurait d'autres moyens de répondre au prétendu paradoxe que mettent en avant les patrons et certains dirigeants politiques, expliquant que nombre d'acheteurs ne sont pas libres de faire leurs achats en semaine. Ce serait de réduire les horaires de l'ensemble des salariés de façon à laisser à tous une marge de loisir et de disponibilité, sans réduire les salaires et en permettant à chacun de disposer d'un pouvoir d'achat suffisant.

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