Ces dernières semaines, différents chiffres et statistiques concernant Pôle emploi ont fait couler beaucoup d'encre. Après ceux concernant le nombre de demandeurs d'emploi par conseiller suivant les régions, le gouvernement, qui a fait mine de voir dans les signes de la reprise la prétendue baisse des chiffres du chômage pour le mois d'août.

Sur le terrain, à la plate-forme téléphonique où tous les appels aux 3949 – le numéro d'appel de Pôle emploi – sont traités, cette avalanche de chiffres ne suscite pas les mêmes commentaires. La baisse du nombre de chômeurs ? Un tour de passe-passe en grande partie lié à un « bug » : 80 000 demandeurs d'emplois ont été radiés ainsi des listes au même moment. Les salariés de la plate-forme ont d'ailleurs eu beaucoup d'appels de personnes ne comprenant pas pourquoi elles étaient radiées alors qu'elles s'étaient actualisées par Internet et avaient même obtenu leur attestation d'actualisation.

Le « suivi privilégié », accordé aux chômeurs qui en ont le plus besoin, est mis en avant par la direction pour justifier le nombre aberrant de demandeurs d'emploi qu'un conseiller est censé aider. Mais c'est une vaste fumisterie. Certes, il y a eu 2 000 embauches à Pôle emploi depuis l'an dernier. Mais ce chiffre est dérisoire par rapport aux besoins, et les conditions de travail et de formation des nouveaux venus comme de salariés plus anciens ne leur permettent pas de traiter au mieux certains dossiers, ni de faire face aux retards accumulés pour le traitement des demandes d'allocations.

Quant aux chiffres qui figurent sur la fiche de paie, déjà bien dérisoires, la direction veut les revoir à la baisse, en commençant par retarder le changement de coefficient des nouveaux embauchés, pour ensuite étendre cette mesure à tous. Les heures de formation attribuées aux salariés qui doivent gérer, sans avoir les moyens d'y répondre des situations de plus en plus difficiles sont bien insuffisantes. Les salariés de la plate-forme constatent aussi chaque jour le grand nombre de licenciements de la part de patrons grands et petits qui s'arrangent pour licencier des travailleurs pour faute lourde après dix ans de travail, ou qui utilisent la rupture conventionnelle pour s'en débarrasser à moindre coût, ou encore qui les forcent à démissionner.

Un autre chiffre devra augmenter à l'avenir : celui des travailleurs décidés à ne plus s'en laisser compter.