Groupe Renault : 11 milliards en caisse, il faut augmenter les salaires et embaucher !02/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2274.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Renault : 11 milliards en caisse, il faut augmenter les salaires et embaucher !

Jeudi 16 février au matin, la direction de Renault organisait une conférence de presse sur les résultats 2011. Elle était retransmise par vidéo sur les ordinateurs des salariés, notamment au Technocentre Renault, à Guyancourt, dans les Yvelines.

Ceux-ci ont pu ainsi entendre le PDG Carlos Ghosn répondre aux journalistes et surtout rassurer les actionnaires sur la bonne allure des résultats financiers 2011 de Renault : le chiffre d'affaires est en hausse de 9,4 % par rapport à 2010. Après avoir pleuré misère sur les ventes de véhicules, Renault a en fait augmenté ses ventes de près de 4 %. Les actionnaires ont de quoi être satisfaits : l'action a grimpé en un an de 49 % et les dividendes sur 2011 seront multipliés par quatre. Enfin, le groupe dispose au total de 11 milliards d'euros de liquidités.

Mais l'après-midi la musique était différente : le PDG s'adressait cette fois à l'ensemble des salariés de Renault. Tout en les félicitant poliment, il appelait à « revaloriser Renault », entonnait le refrain patronal sur la compétitivité comparée des entreprises françaises et allemandes et incitait les travailleurs à continuer les efforts pour « faire gagner Renault ».

Les résultats du groupe sont évidemment le produit du labeur des travailleurs de Renault, des prestataires et des intérimaires. Le salaire de Ghosn lui-même, au troisième rang des PDG les mieux payés du CAC40, avec un salaire annuel de 9 millions d'euros, a suscité les mêmes commentaires.

La contrepartie, c'est la dégradation des conditions de travail et le renforcement de l'exploitation dans les usines et au Technocentre. L'embauche est arrêtée et le recours aux intérimaires, aux stagiaires et aux apprentis pour tenir les postes - surtout les postes durs en production - est la règle générale. Tous ces travailleurs, jeunes ou non, savent qu'aucun espoir d'obtenir un CDI n'existe. Depuis des années, la direction a une politique de suppressions de postes, ne remplace pas les départs et a réussi à sortir une production égale avec beaucoup moins de travailleurs.

Plutôt que de déplacer le travail, les directeurs des sites déplacent les travailleurs d'une usine à l'autre, à plusieurs centaines de kilomètres de distance, de Sandouville près du Havre ou de Douai dans le Nord à Flins en région parisienne, par exemple. À des périodes de chômage partiel, à des journées non travaillées, succèdent ainsi des débordements et des samedis obligatoires.

En ajoutant à cela les salaires quasiment bloqués - l'augmentation générale n'aura été que de 1,7 % en 2011 et les primes ont fondu - le mécontentement des salariés s'accumule, et à juste titre.

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