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Sénégal : Le président sortant contraint à un deuxième tour
Malgré les manifestations contestant la candidature et, de fait, la politique du président sortant Wade, l'élection présidentielle a bien eu lieu au Sénégal, dimanche 26 février. Quarante-huit heures après le scrutin, Wade a dû admettre que, loin d'être réélu triomphalement au premier tour, il allait devoir en passer par un deuxième tour.
À propos de l'élection présidentielle au Sénégal et de la campagne menée par Wade, nous publions ci-dessous des extraits du Pouvoir aux Travailleurs, journal de nos camarades de l'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI).
Wade a commencé sa campagne par une visite chez les grands marabouts de la confrérie des mourides dans leur « ville sainte » de Touba. Ces marabouts ont des millions de fidèles et leurs paroles sont considérées par eux comme des directives. C'est à ces mêmes marabouts que Wade avait rendu visite dès le lendemain de son élection. Depuis, il n'a cessé de leur donner des cadeaux sous diverses formes. Le dernier en date a été la coquette somme de deux milliards de CFA au sérigne (titre équivalant à khalife) de Touba.
À chacun de ses déplacements à l'intérieur du pays, il « arrose » : des centaines de mètres de pagne par-ci, des boubous par-là, sans oublier les promesses de toute sorte. C'est ainsi que, pour obtenir les faveurs des chefs coutumiers et des chefs de villages, il leur a promis une indemnité mensuelle de 75 000 F CFA (soit l'équivalent de 112 euros) parce qu'ils rempliraient « des fonctions administratives utiles à l'État ».
Mais pendant que Wade gaspille l'argent de l'État dans l'achat de votes pour sa réélection, les enseignants font la grève pour que les indemnités qui leur ont pourtant été promises depuis longtemps leur soient versées, de même que les logements de fonction qu'ils attendent depuis longtemps soient enfin construits. Il en est de même des habitants des quartiers populaires qui attendent en vain que le gouvernement mette fin aux coupures intempestives de courant devenues de plus en plus insupportables, ainsi qu'au problème d'approvisionnement de la capitale en eau potable.
Les principaux candidats opposés à Wade s'appuient sur le mécontentement populaire et sur les légitimes aspirations des habitants des quartiers pauvres à sortir de la misère aggravée par l'augmentation du coût de la vie, par le blocage des salaires et par l'aggravation du chômage. Mais ce serait une lourde erreur que de croire que l'arrivée au pouvoir d'un des candidats de l'opposition (ce qui est loin d'être sûr) apportera une quelconque amélioration des conditions d'existence des classes populaires. Elles ne peuvent même pas espérer que le départ de Wade signifiera la fin du népotisme et de la corruption qui règnent au sommet de l'État.