Février 1957, durant la guerre d'Algérie : L'exécution pour l'exemple de Fernand Iveton, avec l'accord de Mitterrand et des dirigeants du PS02/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2274.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Février 1957, durant la guerre d'Algérie : L'exécution pour l'exemple de Fernand Iveton, avec l'accord de Mitterrand et des dirigeants du PS

Il y a cinquante-cinq ans, le 11 février 1957, Fernand Iveton, était exécuté en même temps que deux militants algériens à la prison Barberousse d'Alger. Mitterrand, ministre de la Justice du gouvernement dirigé par le socialiste Guy Mollet, avait, entre autres, donné son accord.

Européen d'Algérie, ouvrier à la compagnie du gaz, Iveton faisait partie de ces militants du Parti communiste algérien qui avaient choisi de participer au combat contre le colonialisme français au côté du FLN. Le 14 novembre 1956, il avait dissimulé une bombe dans un local désaffecté de son entreprise, se proposant de la faire exploser à une heure tardive pour qu'il n'y ait pas de victimes et seulement des dégâts matériels. La bombe n'explosa pas. Dénoncé, Iveton fut arrêté par la police le jour même. Torturé, traîné dix jours plus tard devant le tribunal militaire d'Alger, assisté de deux avocats commis d'office, il fut condamné à mort au terme d'une parodie de procès le 24 novembre 1956. Son recours en grâce fut soumis au Conseil supérieur de la magistrature, chargé de donner un avis avant le président de la République, à qui appartenait la décision finale.

Mitterrand, qui n'était pas encore socialiste, siégeait au Conseil supérieur de la magistrature en tant que ministre de la Justice. Il se prononça pour que la peine de mort soit appliquée à Iveton. Guy Mollet, siégeant aussi au Conseil en tant que chef du gouvernement, fit de même.

Outre Iveton, et les deux militants Algériens, six autres avaient été guillotinés dans les semaines précédentes. Il y eut encore bien d'autres condamnés à mort exécutés au cours de la guerre d'Algérie, dont nombre de dossiers passèrent sous les yeux de Mitterrand et des dirigeants socialistes au gouvernement.

Jusqu'à la fin mai 1957, 45 condamnés furent ainsi guillotinés, au terme de procédures hâtives, permises par les pouvoirs spéciaux votés à Guy Mollet, le 12 mars 1956, notamment par l'ensemble des députés socialistes et communistes. Ceux-ci cédaient ainsi à la pression de l'extrême droite d'Algérie qui défendait la situation coloniale et dénonçait le « bradage » de « l'Algérie française » préparé, selon elle, par ce gouvernement à direction socialiste.

Celui-ci, en bon défenseur de l'impérialisme français, n'avait pourtant aucune intention de reconnaître le droit à l'indépendance du peuple algérien. Et il le montra car les pouvoirs spéciaux se traduisirent par l'intensification de la répression et par l'envoi massif du contingent. De 200 000 hommes début 1956, les troupes présentes en Algérie passèrent à 450 000 hommes en juillet, afin d'y assurer le « quadrillage » de la population réclamé par Robert Lacoste, le nouveau gouverneur socialiste du pays. Le 17 mars 1956, Guy Mollet signait avec son ministre de la Défense, Bourgès-Maunoury, celui de la Justice, François Mitterrand, et Robert Lacoste un décret relatif à l'application de la justice militaire en Algérie donnant les pleins pouvoirs à l'armée. Dès le début de janvier 1957, les parachutistes du général Massu s'engagèrent dans « la bataille d'Alger », torturant tous ceux qu'ils soupçonnaient d'aider le FLN et multipliant les exécutions sommaires. Plus de 3 000 Algériens furent portés disparus.

Pendant que les militaires réprimaient sans relâche, les partisans de l'Algérie française menaient une campagne haineuse pour exiger toujours plus de répression et, en particulier, l'exécution des condamnés à mort, campagne dirigée contre le FLN, mais aussi contre les communistes. C'est ce contexte qui pesa dans la décision d'exécuter au plus vite Fernand Iveton.

Si celui-ci fut le seul Européen guillotiné, deux cent vingt-un militants de la cause algérienne subirent le même sort, sans parler de toutes les autres exactions commises par l'armée au cours de cette guerre dont Mitterrand, Guy Mollet et les responsables socialistes de l'époque, avec la caution du Parti communiste, assumèrent la responsabilité, en bons défenseurs du colonialisme français.

Partager