Contre les fermetures de sites : Hollande propose un leurre02/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2274.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contre les fermetures de sites : Hollande propose un leurre

En visite à l'usine ArcelorMittal de Florange le 24 février, Hollande a présenté une proposition de loi, déposée trois jours plus tard à l'Assemblée, censée empêcher les fermetures d'usines.

Si Hollande a eu une illumination, c'est à retardement, car durant les trois dernières années, ce sont au moins 900 usines qui ont fermé. Mais que dit cette proposition de loi ?

Cosignée par Laurent Fabius et les deux députés PS de la Moselle, Aurélie Filipetti et Michel Liebgott, elle vise « à garantir la poursuite de l'activité des établissements viables, notamment lorsqu'ils sont laissés à l'abandon par leur exploitant ». Cela laisse déjà sceptique car qui va définir la viabilité ou non de l'entreprise ? Les patrons prétendent toujours qu'ils sont contraints et forcés de fermer leur usine et de licencier. Et ils le justifient en s'abritant derrière le secret des affaires.

« Quand une grande firme ne veut plus d'une unité de production et ne veut pas non plus la céder, nous ferions obligation que les repreneurs viennent et puissent donner une activité supplémentaire », a déclaré le candidat socialiste. D'après sa proposition, à chaque fermeture d'usine, l'entreprise devrait informer le tribunal de commerce, qui désignerait un mandataire chargé de trouver un repreneur. Si l'entreprise n'acceptait aucune offre à l'issue du délai légal, le mandataire pourrait être saisi par le Comité d'entreprise pour apprécier la pertinence des offres. Si l'entreprise refusait toujours de vendre son site, le tribunal pourrait lui-même arrêter un plan de cession.

Mais s'il n'y pas de repreneur ? Si ce repreneur décide de supprimer la moitié des emplois, qui l'en empêchera ? À l'usine Goodyear d'Amiens, menacée de fermeture, la multinationale a fait miroiter un plan de reprise du secteur pneus agraires, qui emploie 500 ouvriers, par le sous-traitant Titan, mais en échange de l'acceptation de la fermeture du secteur tourisme, c'est-à-dire de la suppression de 817 emplois ! À Continental Clairoix, dans l'Oise, usine dont le journal Le Parisien du lundi 27 février prétend qu'elle aurait pu être sauvée par une telle loi, l'État et les patrons ont tenté d'endormir les travailleurs en leur faisant miroiter un repreneur, venu de Dubaï, qui disait lui-même ne pas avoir suffisamment de capitaux pour investir.

Si les patrons des grands groupes ferment des usines, c'est parce qu'à leurs yeux, elles ne sont pas assez rentables. C'est le propre même du capitalisme que la production ne se fait pas dans le but de satisfaire des besoins en acier, en pneus ou en médicaments, mais dans le seul but de faire le plus de profits possible. Qu'est-ce qui garantit qu'un repreneur, si repreneur il y a, ne décidera pas une fermeture partielle ou totale de l'usine reprise ?

Pour les travailleurs, le problème est de sauver coûte que coûte leurs emplois, et cela signifie qu'il faut interdire purement et simplement aux patrons de licencier.

Contre les fermetures d'usines et contre les licenciements, rien ne peut être fait sans s'attaquer au pouvoir qu'ont les patrons sur l'économie. Ce n'est évidemment pas ce que propose Hollande.

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