Amiante : Les ouvriers n'étaient pas protégés, les patrons d'Eternit si !02/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2274.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante : Les ouvriers n'étaient pas protégés, les patrons d'Eternit si !

Alors que les responsabilités des employeurs ont été reconnues le 13 février dernier en Italie, avec la condamnation à seize ans de prison de deux anciens responsables d'Eternit, la justice française vient de s'illustrer en dessaisissant la juge chargée de ce dossier et en annulant purement et simplement six mises en examen.

En fait cette décision avait été prise en décembre et n'a été révélée que le 22 février. La cour d'appel de Paris avait levé les mises en examen d'Eternit et celles de cinq directeurs d'usine en France et retiré à la juge Marie-Odile Berthella-Geffroy, qui en avait la charge depuis sept ans, la responsabilité de ce dossier.

Les arguments avancés par les avocats d'Eternit, et qui ont été employés pour annuler les mises en examen, sont qu'il est « extrêmement difficile d'établir un lien de causalité direct et certain entre l'état de santé d'un salarié et le comportement de son employeur ». « Comment voulez-vous avoir la certitude absolue qu'un cancer du poumon est dû à 100 % à l'amiante et non à autre chose ? »

La justice exige que, pour chaque ancien salarié malade, soit établie quelle était son exposition à l'amiante, de vérifier quelles étaient les doses autorisées par la législation de l'époque, les préconisations des médecins du travail, et quelles mesures avaient été prises - ou pas - par Eternit. Le tout alors que les faits remontent pour certains à plus de trente ans et avec de faibles moyens alloués aux enquêteurs, un nombre limité d'officiers de police judiciaire mis à disposition, pour une enquête pourtant qualifiée de tentaculaire.

Les dangers de l'amiante sont pourtant connus depuis longtemps puisqu'ils ont été détectés dès 1906, le caractère cancérigène est connu au moins depuis 1960 et les cancers liés à l'exposition professionnelle à l'amiante ont été reconnus comme maladies professionnelles en France en 1976. Autant dire qu'aucun industriel ne pouvait en ignorer les risques. En France, on estime que l'amiante est jugé responsable de 10 % à 20 % des cancers du poumon et, d'après les autorités sanitaires, près de 100 000 personnes en auront été victimes entre 1995 et 2025.

Depuis des années que les victimes de l'amiante tentent d'obtenir réparation, elles n'ont obtenu que de maigres indemnisations, souvent réduites en appel, et que, pour certaines, on leur a même demandé de rembourser, tandis que les patrons d'Eternit restent jusqu'à ce jour protégés.

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