Sale ambiance dans la police : Le témoignage d'une policière01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Sale ambiance dans la police : Le témoignage d'une policière

Une ancienne fonctionnaire de la police de l'air et des frontières (PAF), toujours dans la police publie aux éditions du Cherche-Midi sous le titre Omerta dans la police un témoignage sur ce qu'elle a vécu quand elle travaillait dans ce service. Elle dénonce les abus de pouvoir, de la hiérarchie comme du simple flic, l'homophobie, le racisme, le sexisme de cette institution, mais aussi la politique du chiffre, la « bâtonnite ».

Entrée dans la police par vocation, c'est avec une certaine expérience professionnelle que Sihem Souid se retrouve à la PAF, à Orly. Bien notée et bien vue de ses chefs, elle a cependant un défaut : sa conscience. Témoin du harcèlement dont sont victimes deux de ses collègues, homosexuelles pacsées, elle choisit de les soutenir contre sa hiérarchie. Et, dès lors, sa situation personnelle va se dégrader.

Elle constate alors que le racisme ordinaire de ses collègues n'est pas réservé aux passagers venus d'Afrique ou du Maghreb mais qu'il peut aussi s'exercer à son encontre. Le livre donne de nombreux exemples du racisme qui pourrit la PAF, y compris vis-à-vis des policiers d'origine africaine ou maghrébine. La hiérarchie ferme les yeux du moment que les « chiffres » sont là.

Faire du chiffre, additionner les expulsions, les reconduites à la frontière, c'est l'obsession des policiers. Non seulement, il y a les « vrais délinquants », par exemple ces immigrés qui tentent de passer la frontière avec de faux papiers achetés à prix d'or mais tellement mal faits qu'ils ne tromperaient pas un enfant. Mais il y a aussi les multiples abus de pouvoir des petits flics pour « faire du chiffre ». Ici un père de famille venu du Maghreb avec son fils pour visiter Disneyland se voit refoulé parce qu'il n'a pas la somme en argent liquide nécessaire administrativement, et le fait qu'il ait une carte de crédit ne change rien à l'affaire. Là une femme de 85 ans retourne en Algérie après avoir visité sa famille en France. Profitant qu'elle ne comprend pas le français, le policier lui fait signer un papier comme quoi elle était clandestine en France, et cela l'empêchera désormais de pouvoir y revenir.

La hiérarchie n'est pas exempte d'abus de pouvoir, pouvant à l'occasion détourner les amendes que les compagnies doivent payer quand on trouve des clandestins à bord de leurs avions. L'auteur a témoigné auprès de l'IGS contre le directeur de la PAF d'Orly, corrompu.

Le tableau ainsi dressé n'est pas à l'honneur de l'État français. Certes tous les policiers ne sont pas indignes, mais le gros de la troupe laisse faire les pires représentants de la corporation et regarde ailleurs quand un collègue dénonce les dérives.

On comprend la révolte de cette jeune policière, persuadée de jouer un rôle utile au service de la population, lorsqu'elle découvre la réalité du métier. On ne peut aussi que reconnaître son courage pour avoir mis cette réalité sur la place publique, ce qui n'a certainement pas fini de lui valoir des ennuis. Mais les maux qu'elle dénonce ne sont malheureusement pas fortuits, ils découlent logiquement du rôle que le gouvernement fait jouer à un service proposé théoriquement à la lutte contre la délinquance et à la protection des citoyens mais qui exécute, en fait, toutes les sales besognes de l'État, et en particulier l'application d'une politique réactionnaire et xénophobe.

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