Grèce, Irlande, Portugal : Financiers en quête de profits01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

Grèce, Irlande, Portugal : Financiers en quête de profits

À lire les titres des journaux, l'Irlande viendrait d'être sauvée de la faillite grâce à l'intervention des autorités financières et politiques européennes. Mais d'abord, de quoi l'Irlande avait-elle besoin d'être sauvée ?

La seule chose qui menaçait cet État était, et reste, le fait que les banques ne consentent à lui prêter les fonds dont il a besoin qu'à des taux d'intérêt de plus en plus élevés. Et si l'Irlande avait besoin d'être sauvée, c'est uniquement des griffes des financiers.

Mais le « plan de sauvetage » a consisté à la soumettre au contraire encore un peu plus à ces derniers. Le gouvernement irlandais, tout de droite qu'il soit, a tenté d'y échapper, de le retarder. Mais rien n'y a fait, sous la pression des autres pays, du FMI et des banques elles-mêmes, l'Irlande a dû accepter un plan d'aide de 85 milliards.

Sur cette somme, 17,5 milliards d'euros sont fournis par le gouvernement irlandais lui-même, en piochant dans son fonds de réserve des retraites. Le reste sera emprunté aux grandes banques internationales, par l'intermédiaire et avec la garantie des organismes publics européens et du FMI, au taux moyen de 5,8 %.

Les financiers réalisent ainsi une excellente opération et gagnent sur tous les tableaux. D'abord, les 85 milliards serviront essentiellement à assainir les comptes de leurs filiales ou de leurs débiteurs irlandais. Ensuite, ils prêtent à 5,8 % des capitaux qu'ils continuent à emprunter à 1 % à la Banque centrale européenne. Enfin, ils obtiennent pour cette opération la garantie de l'Union européenne, c'est-à-dire en l'occurrence de la France et de l'Allemagne. Naturellement, l'addition est présentée aux travailleurs irlandais sous forme d'un plan d'austérité féroce.

Dans cette opération, préparée depuis plusieurs mois, les financiers ont utilisé à leur profit l'existence d'un fonds de garantie des États de la zone euro mis sur pied après la crise grecque. Ce fonds, soi-disant destiné à aider les États soumis aux pressions des « marchés », a surtout servi de garantie aux banquiers. Ayant réussi leur coup, avec la complicité bienveillante des organismes publics et des gouvernements, ils se préparent à le rééditer contre le Portugal ou l'Espagne, voire d'autres pays encore.

Le fait qu'au passage ils plongent des populations entières dans la pauvreté, et risquent de conduire à une explosion générale du système, ne les empêche pas de dormir. Ils veulent placer les masses énormes de capitaux qu'ils détiennent, et les placer avec un rendement suffisant, garanti par les États, quitte à vampiriser la Terre entière, faute de quoi leur système absurde s'effondrerait. Mais c'est peut-être ainsi qu'il s'effondrera tout de même.

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