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République d'Irlande : La corde au cou de la population laborieuse
La publication officielle de l'accord final entre le gouvernement irlandais, le FMI et l'Union européenne, le 28 novembre, est venue clarifier les conditions draconiennes imposées à l'Irlande.
Contrairement à ce que pourraient laisser penser les gros titres des médias, le prêt concédé à l'Irlande ne sera pas de 85 milliards d'euros mais de 67,5 milliards, le gouvernement irlandais s'engageant à y ajouter 17,5 milliards d'euros pris dans ses propres réserves.
Où le gouvernement irlandais va-t-il trouver une telle somme ? Tout simplement dans les caisses de son Fonds national de retraites qui est censé destiné à faire face à une forte hausse du nombre des retraités à partir de 2025. Il est vrai que ce n'est pas la première fois que les retraites sont ainsi hypothéquées au profit des banques. Déjà, en 2008, le gouvernement avait puisé dans ce fonds pour financer sa prise de participation de 16 % dans le capital de la deuxième banque du pays, Bank of Ireland.
Un autre aspect scandaleux de ce « sauvetage » est le taux d'intérêt scandaleux qu'il prévoit sur ces prêts - autour de 5,8 % si le gouvernement irlandais faisait appel à l'intégralité de la somme immédiatement - impliquant le paiement d'intérêts annuels d'un montant équivalent à près de la moitié du budget de l'enseignement, et cela sans compter le remboursement du prêt lui-même !
Un total de 35 milliards d'euros, pour moitié financé par ces prêts et pour moitié par les 17,5 milliards du fonds de retraite, devront être alloués à des injections de capital dans les banques irlandaises - soit près de deux fois le montant du budget social annuel de l'État irlandais. Moyennant quoi, la nationalisation de fait des trois principales banques du pays sera compléte, à laquelle s'ajouteront celles de deux grosses caisses d'épargne mutuelles - même si cela ne changera rien aux pratiques de ces institutions, puisque l'État se prive par avance de tout droit de regard dans leurs opérations.
Sur le papier, les 50 milliards restants du prêt sont destinés à permettre à l'État irlandais de pourvoir à ses dépenses courantes. Dans la réalité, cette somme garantira évidemment le service de la dette, mais surtout, comme l'indique le gouvernement lui-même, elle financera une extension du programme de rachat de leurs dettes pourries aux banques irlandaises, mais aussi aux filiales locales de banques étrangères, comme Ulster Bank, quatrième banque du pays et filiale de la banque britannique Royal Bank of Scotland.
Autant dire que ce « sauvetage » n'en est pas un - sauf pour les grandes banques européennes, qui à la fois en encaisseront les intérêts et en tireront la garantie que leurs prêts aux banques irlandaises seront honorés. Mais il constitue une corde au cou de l'économie irlandaise et surtout de sa population laborieuse.