Des chômeurs sans indemnités pendant des mois : L'État employeur méprise ses salariés01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Des chômeurs sans indemnités pendant des mois : L'État employeur méprise ses salariés

Des dizaines de milliers de chômeurs doivent attendre des mois avant de pouvoir toucher les indemnités auxquelles ils ont droit lorsqu'ils perdent leur emploi. Ce sont les travailleurs employés par l'État sous contrat précaire et qui, lorsque leur CDD arrive à terme, attendent que leur administration veuille bien les payer.

Sous prétexte que leur emploi est théoriquement garanti pour les fonctionnaires, l'État ne paie pas de cotisations-chômage. Les salariés qu'il a embauchés à titre précaire ne peuvent donc pas faire appel à Pôle emploi pour percevoir une allocation-chômage, et c'est l'administration qui est chargé de les indemniser. Or celle-ci traîne avant d'effectuer son premier versement et, comme en plus les contractuels de la fonction publique n'ont pas droit à une prime de précarité à la fin de leur contrat, cela signifie qu'il ne leur reste que le RSA pour vivre.

L'État emploie 874 000 précaires, soit 16 % de ses effectifs, pour lesquels la sécurité de l'emploi ne veut rien dire. Le pourcentage de non-titulaires grimpe même jusqu'à 30 % dans la fonction publique territoriale, c'est-à-dire les employés des régions, des départements et des communes. Dans l'Éducation nationale, le nombre de contractuels ou de vacataires est en constante augmentation, et un quart d'entre eux sont affectés sur des emplois pérennes, c'est-à-dire qu'un précaire en remplace un autre dès lors que le contrat arrive à terme.

En début d'année, Sarkozy avait dénoncé le recours à des contrats courts dans la fonction publique, Éric Woerth parlait, lui, de « pratiques abusives ». Georges Tron, le nouveau secrétaire d'État chargé de la Fonction publique, parle d'ouvrir des négociations avec les syndicats pour y mettre fin, déclarant que « si l'agent est toujours présent six, huit, dix ans » après la signature de son premier contrat, « c'est que le besoin était permanent ». Monsieur de La Palisse n'aurait pas dit mieux ! Mais le passage des déclarations aux actes ne se fait pas, d'autant moins qu'avec la baisse des effectifs l'État a de plus en plus recours aux précaires lorsque la machine se grippe par manque de personnel.

L'État licencie, emploie des travailleurs précaires pour remplacer des titulaires et tarde à leur verser leur dû quand il les licencie. Bref, il se conduit comme n'importe quel patron sans scrupules. Le seul « privilège » accordé à tous les précaires travaillant dans la fonction publique est de devoir courir après les indemnités auxquelles ils ont théoriquement droit.

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