La poudre de lait à la Bourse : De mal en pis01/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2209.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

La poudre de lait à la Bourse : De mal en pis

Les spécialistes en produits dérivés des biens agricoles au sein des Bourses européennes ont mis fin à un scandale qui durait depuis trop longtemps : les financiers ne pouvaient pas spéculer sur le lait !

L'Union européenne ayant dérégulé les prix du lait, avec comme première conséquence d'acculer les petits producteurs à la faillite, les banquiers ont pu inventer l'instrument qui leur convient : un contrat à terme portant sur l'achat de 24 tonnes de poudre de lait. Précisons tout de suite que ce contrat ne concerne pas la majorité des producteurs. En effet 24 tonnes de poudre équivalent à 250 000 litres de lait, soit la production annuelle d'une exploitation de trente vaches !

Cette offre s'adresse, paraît-il, aux industriels de l'agro-alimentaire qui voudraient se prémunir contre les variations des cours du lait en l'achetant trois, six, voire dix-huit mois à l'avance. Mais acheter à l'avance, avec des prix négociés avec les grands producteurs, tous les industriels le font déjà. La nouveauté réside dans le fait que les contrats à terme de 24 tonnes pourront, à leur tour, se vendre et s'acheter et que les financiers pourront spéculer sur la variation de leur cours.

Le créateur du « produit financier », après avoir faiblement prétendu que ces contrats aideront à lisser les cours et à rendre le marché transparent, avoue sans plus de gêne que 3 % seulement des contrats donnent lieu à un échange réel de marchandises. Autant dire que 97 % consistent en un pur jeu spéculatif. C'est ce qui existe déjà pour les céréales, et c'est une des raisons de la hausse vertigineuse de leurs prix, laquelle avait amené des populations entières au bord de la famine il y a deux ans.

La production européenne de lait est estimée à 120 millions de tonnes par an. C'est un produit indispensable à la vie quotidienne de la population. Ses petits producteurs ont pourtant le plus grand mal à vivre de leur travail. Mais ce monde qui marche sur la tête peut inventer un outil capable de les ruiner définitivement, de mettre le lait hors de portée des bourses modestes, mais en revanche de faire gagner un peu plus d'argent à des financiers qui s'étouffent déjà sous leurs capitaux.

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