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République d'Irlande : L'austérité encore aggravée
Les mesures d'austérité annoncées dans le budget de l'Irlande apparaissent de façon explicite comme une contrepartie aux prêts internationaux concédés au pays. Elles sont censées aboutir à réduire les dépenses annuelles de l'État de 10 milliards en 2014 (soit une baisse de 18 %) et à augmenter ses recettes de 5 milliards.
Sur le plan des recettes, les mesures seront échelonnées, avec une hausse de la TVA de 21 à 23 %, une diminution du seuil d'imposition et de nouveaux impôts locaux. Mais, bien sûr, il n'est question de toucher ni aux hauts revenus, ni au taux particulièrement bas de 12,5 % de l'impôt sur les bénéfices.
Les coups impliqués par les 10 milliards de baisse des dépenses sont encore plus brutaux, car près de 60 % de ces baisses doivent être réalisées dès 2011. Nombre de ces mesures prendront donc effet immédiatement.
Pour ce qui concerne le secteur public, elles constituent une aggravation brutale de mesures déjà prévues dans le cadre d'un accord passé avec les syndicats en juin dernier. Ainsi, la baisse de 4 % des retraites du secteur public, déjà prévue pour les futurs embauchés, est étendue à tous les salariés du public et même à ceux qui sont déjà en retraite. De même la diminution des effectifs, qui devait être réalisée par le jeu de mesures de flexibilité et de non-remplacement des départs en retraite, devient une réduction de 14 %, y compris par le recours aux licenciements. Le gouvernement n'a même pas attendu le vote du budget pour s'y mettre. C'est ainsi qu'un syndicat enseignant dénonce le licenciement de plusieurs milliers d'auxiliaires au cours du mois écoulé, dénonce le fait que 1 200 d'entre eux se sont vu proposer immédiatement de reprendre leur emploi... mais sans être payés ! Enfin, après la baisse des salaires du secteur public de 2009, sous forme de prélèvement « exceptionnel » pour la retraite, tous les salaires seront réduits de 10 % pour les nouveaux embauchés.
De même, une baisse de 11 % des allocations sociales avait été tacitement acceptée par les syndicats en juin. Il vient s'y ajouter une aggravation des mesures punitives visant les chômeurs de longue durée, à un moment où le taux de chômage atteint 14 %, voire 50 % dans certaines villes !
D'autres mesures contenues dans ce budget sont, elles, nouvelles. Ainsi la retraite d'État, dont le montant très faible est le seul revenu de la majorité des retraités, sera-t-elle gelée en valeur nominale et l'âge de la retraite repoussé progressivement de 65 à 68 ans.
Mais la plus scandaleuse de toutes ces mesures, et certainement celle qui a provoqué le plus de colère parmi les manifestants du 27 novembre, est la réduction de 11 % du salaire minimum, applicable dès le 1er janvier 2011, sous le prétexte hypocrite de « favoriser la création d'emplois ». D'autant que ce salaire minimum sert de base d'indexation à bien des accords collectifs existants, ce qui veut dire qu'elle touchera non seulement les salaires d'embauche (en général alignés sur le salaire minimum pour les travailleurs non qualifiés) mais qu'elle peut également toucher de très nombreux autres travailleurs qui sont couverts par ces accords.
À force de vouloir satisfaire l'avidité du patronat, cette fois le gouvernement irlandais a peut-être ouvert la boîte de Pandore en provoquant la riposte des travailleurs.